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Jazz : Francis Marmande, une plume libre qui s’éteint à 80 ans

Hier 21:01
Jazz : Francis Marmande, une plume libre qui s’éteint à 80 ans

Le monde du jazz et des lettres françaises perd l’une de ses voix les plus singulières. Francis Marmande, écrivain, universitaire et critique de jazz emblématique du journal Le Monde, est décédé à l’âge de 80 ans des suites d’un cancer. Sa disparition marque la fin d’un regard exigeant, érudit et profondément libre sur la musique, la littérature et la culture.

Né à Bayonne en janvier 1945, Francis Marmande appartient à cette génération d’intellectuels pour qui les frontières entre disciplines n’avaient rien d’étanche. Arrivé à Paris dans les années 1960, il suit un parcours académique d’excellence : ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé de lettres modernes, docteur ès lettres, il consacre sa thèse à l’œuvre de Georges Bataille, figure centrale de la pensée transgressive du XXᵉ siècle.

Mais Francis Marmande ne s’est jamais enfermé dans la seule sphère universitaire. Professeur de littérature française à Lyon-II puis à l’université Paris-VII Denis-Diderot, où il enseignera jusqu’à sa retraite en 2011, il mène parallèlement une carrière d’écrivain prolifique. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, il explore aussi bien l’essai que le récit, toujours animé par une écriture dense, critique et engagée.

C’est toutefois dans le champ du jazz qu’il s’impose auprès du grand public. Dès 1977, il entame une collaboration durable avec Le Monde, où ses chroniques deviennent une référence. Pendant des décennies, il observe, analyse et raconte le jazz avec une rare finesse, refusant les effets de mode et les jugements convenus. Son approche, à la fois littéraire et musicale, donne au jazz une profondeur historique et culturelle qui dépasse la simple critique de disques ou de concerts. Lui-même contrebassiste, il parlait de cette musique de l’intérieur, avec une écoute attentive et une connaissance intime de ses rythmes et de ses silences.

Francis Marmande fut également une figure reconnue de Jazz Magazine, où il laissa une empreinte durable, non seulement par ses textes mais aussi par ses dessins. Car l’homme était aussi illustrateur : pendant de longues années, ses dessins ont accompagné les sommaires du magazine et orné des couvertures d’ouvrages, notamment ceux de Georges Perec ou de Jean-Paul Sartre, témoignant une fois encore de son goût pour le dialogue entre les arts.

Passionné de tauromachie, il fut aussi journaliste taurin, livrant dans Le Monde des chroniques régulières jusqu’en 2010. Là encore, son regard se distinguait par sa complexité, mêlant fascination esthétique, réflexion éthique et analyse culturelle.

Avec la disparition de Francis Marmande, le journalisme culturel perd un esprit indépendant, réfractaire aux simplifications, et profondément attaché à la transmission. Son œuvre et ses chroniques demeurent comme le témoignage d’une époque où le jazz, la littérature et la pensée critique se répondaient sans concession.



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