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Tourisme : faut-il s’inquiéter pour la saison estivale 2025 ?
Alors que l’été 2025 franchit sa seconde moitié, des images circulant sur les réseaux sociaux montrent des plages méditerranéennes comme celles de Saïdia ou M’diq étonnamment vides. Parasols délaissés, esplanades calmes, étendues de sable désertes : ces scènes alimentent une perception d’une saison estivale morose, voire décevante. Mais cette vision partielle est loin de refléter la réalité du secteur, comme le soulignent plusieurs professionnels du tourisme.
Rkia Alaoui, directrice générale du Marina Smir Hôtel & Spa et présidente du Conseil régional du tourisme de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, rappelle que la haute saison touristique ne fait que commencer pour plusieurs stations, notamment dans le Nord, où l’arrivée massive des Marocains Résidant à l’Étranger (MRE) se concentre traditionnellement sur le mois d’août. « Ces images manquent de contexte et amplifient une impression artificielle de vide », précise-t-elle, invitant à attendre les chiffres consolidés qui ne seront disponibles qu’après la mi-août.
Les données officielles confirment cette prudence : selon la Direction générale de la sûreté nationale, le Maroc a accueilli 8,9 millions de visiteurs internationaux au premier semestre 2025, soit une progression de 19 % par rapport à la même période en 2024. Le trafic dans les aéroports du Nord est également en nette hausse : +32 % à Tanger Ibn Battouta, +25 % à Nador El Aroui, tandis que les postes frontaliers de Bab Sebta et Béni Ansar maintiennent un flux stable.
« Le léger ralentissement observé en juillet ne traduit pas un recul mais un ajustement naturel dans la croissance », nuance Zoubir Bouhout, expert en tourisme. Il rappelle par ailleurs que le deuxième trimestre s’est soldé par une hausse de plus de 20 % des arrivées touristiques.
Les MRE, acteurs majeurs de la dynamique touristique estivale, continuent de jouer un rôle clé, même si leur présence est souvent sous-estimée dans les statistiques officielles. L’opération Marhaba 2025 fait état d’une hausse de 13 % des arrivées MRE à début juillet, mais beaucoup choisissent des résidences secondaires ou des logements Airbnb, hors des circuits hôteliers classiques. Selon une étude de 2023, ils ne représentent que 0,7 % des nuitées dans les établissements classés.
La question du coût demeure un point sensible. Si la côte nord du Maroc est souvent perçue comme plus chère que des destinations concurrentes telles que l’Espagne ou la Turquie, cette hausse des tarifs, notamment via Airbnb, témoigne aussi d’une demande toujours soutenue. Zoubir Bouhout souligne que cette perception doit être nuancée, notamment par rapport à la qualité de service attendue, qui varie surtout avec les exigences des nouvelles générations de touristes.
Enfin, la capacité d’accueil reste un défi structurel. Sur environ 320 000 lits touristiques disponibles, certains établissements sont encore fermés ou en rénovation, limitant l’offre face à une demande croissante, qu’elle soit locale, internationale ou liée aux MRE.
Les professionnels appellent donc à la prudence avant de tirer des conclusions hâtives. « Se baser sur quelques images isolées est hasardeux », avertit Zoubir Bouhout. Les indicateurs macroéconomiques, comme l’indice de confiance des ménages publié récemment par le Haut-Commissariat au Plan, atteignent leur plus haut niveau depuis plusieurs trimestres, laissant espérer une augmentation de la consommation touristique dans les semaines à venir.
Le verdict final sur la saison estivale 2025 ne pourra être établi qu’à la rentrée, lorsque les chiffres officiels viendront confirmer ou infirmer les impressions souvent amplifiées par les réseaux sociaux.