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Assignation à résidence pour Bolsonaro : un tournant judiciaire à haut risque

10:41
Assignation à résidence pour Bolsonaro : un tournant judiciaire à haut risque
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La crise politique brésilienne a franchi un nouveau cap. L’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro a été placé en résidence surveillée lundi à Brasilia, sur décision de la Cour suprême, pour avoir enfreint une interdiction de s’exprimer publiquement. Une mesure exceptionnelle qui intervient alors que l’ex-chef d’État fait face à un procès pour tentative présumée de coup d’État, et risque plus de 40 ans de prison.

Le juge Alexandre de Moraes, figure centrale du pouvoir judiciaire brésilien, et adversaire déclaré de Bolsonaro, a justifié cette décision par des prises de parole indirectes de l’ex-président lors de manifestations organisées dimanche dans plusieurs villes du pays. Des extraits vidéo relayés sur les réseaux sociaux par ses partisans ont été jugés contraires aux mesures restrictives imposées depuis la mi-juillet, dont l’interdiction d’utilisation des réseaux, le port d’un bracelet électronique, et l’obligation de rester à domicile le soir et les week-ends.

La justice va plus loin désormais : téléphone interdit, visites restreintes, surveillance renforcée. Tout nouveau manquement pourra conduire à un placement en détention provisoire immédiat.

Trump au soutien, guerre commerciale à la clé

Cette évolution judiciaire s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre Brasilia et Washington. L’ancien président américain Donald Trump, fervent soutien de Bolsonaro, a dénoncé la mesure comme une « chasse aux sorcières » et annoncé dans la foulée une surtaxe douanière de 50% sur plusieurs produits brésiliens, en représailles à ce qu’il qualifie de dérive autoritaire.

Le Département d’État américain a aussi réagi via son bureau des affaires pour l’hémisphère occidental : « Laissez Bolsonaro parler ! », a-t-il déclaré sur X (ex-Twitter). Le département du Trésor est même allé jusqu’à sanctionner financièrement le juge Moraes, une première dans les relations bilatérales.

Ces mesures pourraient peser sur les échanges commerciaux entre les deux premières économies du continent américain, à l’heure où les tensions géopolitiques redessinent les chaînes de valeur régionales.

Un procès à fort potentiel déstabilisateur

Jair Bolsonaro est accusé, aux côtés de plusieurs anciens collaborateurs, d’avoir tenté de rester au pouvoir malgré sa défaite face à Luiz Inácio Lula da Silva lors de la présidentielle de 2022. Le parquet l’accuse d’avoir instrumentalisé l’armée et des institutions pour contester les résultats électoraux et fomenter une remise en cause de la démocratie.

Aujourd’hui inéligible jusqu’en 2030 pour désinformation électorale, l’ancien président ambitionne toujours un retour sur la scène politique, et espère pouvoir concourir en 2026. Son assignation actuelle complique cette stratégie.

Son entourage dénonce une « persécution politique », comme l’a martelé son fils Eduardo Bolsonaro, qui évoque un « abus de pouvoir » et qualifie le juge Moraes de « psychopathe hors de contrôle ».

Lula se tient prêt

En parallèle, le président Luiz Inácio Lula da Silva, 79 ans, laisse entendre qu’il pourrait briguer un nouveau mandat, à condition que sa santé le lui permette. Lui-même avait été emprisonné 580 jours entre 2018 et 2019, avant de voir ses condamnations annulées pour vice de procédure. Un épisode qui a renforcé sa stature, tout en exacerbant la polarisation du pays.

À l’approche d’un jugement décisif dans l’affaire Bolsonaro, le Brésil entre dans une séquence politique et judiciaire d’une rare intensité, aux conséquences imprévisibles pour la démocratie, l’économie et sa place dans les équilibres régionaux.

 

Aya El Kerf



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