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Capital-investissement au Maroc : un nouveau levier de transformation économique
Longtemps perçu comme un acteur discret de l’écosystème financier marocain, le capital-investissement connaît aujourd’hui un tournant décisif. En 2024, ce secteur a franchi un cap historique, injectant plus de 15,7 milliards de dirhams dans près de 320 entreprises, un volume inédit qui témoigne d’une nouvelle dynamique à l’œuvre dans l’économie nationale.
Derrière ces chiffres, une réalité s’impose : les entreprises financées par des fonds de private equity affichent des performances remarquables. Avec une croissance annuelle moyenne de près de 19 % de leur chiffre d’affaires, une hausse de 15 % des effectifs et un Ebitda multiplié par 2,5, ces sociétés deviennent de véritables moteurs de compétitivité et de transformation.
Ce regain d’énergie s’explique en grande partie par une évolution des mentalités et un environnement plus favorable. Le marché boursier, en particulier, est redevenu attractif, facilitant les sorties par introduction en Bourse (IPO), une option de plus en plus adoptée par les entrepreneurs marocains. Depuis la pandémie, les IPO se multiplient, ancrant progressivement le capital-investissement dans le cycle naturel de développement des entreprises.
Mais le véritable catalyseur de cette transformation est sans conteste le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement (FM6I). Pensé comme un outil stratégique pour soutenir la relance post-Covid et anticiper les besoins de croissance liés à l’accueil de la Coupe du Monde 2030, le FM6I a opéré un tournant majeur en juillet 2025. Quatorze sociétés de gestion ont été mandatées pour piloter des fonds sectoriels, orientés vers des domaines clés tels que l’industrie, l’agriculture, le tourisme ou encore la logistique.
L’impact est immédiat : 4,5 milliards de dirhams de capitaux publics devraient générer 14,5 milliards de dirhams supplémentaires grâce à l’effet de levier des partenaires privés, portant le total à 19 milliards injectés à court terme. Une dynamique qui devrait porter le marché du capital-investissement à des niveaux inédits : entre 50 et 60 milliards de dirhams mobilisés à long terme, soit trois fois la taille historique du secteur.
Selon Hassan Laaziri, président de l’AMIC (Association marocaine des investisseurs en capital), « le Maroc doublera en deux ans ce qu’il a mis quinze ans à lever ». Un saut qualitatif autant que quantitatif, qui s’accompagne de l’arrivée de nouveaux acteurs internationaux, du renforcement des compétences locales et d’une meilleure structuration du marché.
Toutefois, des zones d’ombre subsistent. Le principal frein aujourd’hui reste l’absence de mécanismes juridiques pour la prévention des difficultés des entreprises. À ce jour, de nombreuses sociétés n’ont recours à la justice commerciale qu’en phase critique, lorsque les options de redressement sont limitées. L’introduction d’outils comme le mandat ad hoc ou la conciliation, inspirés du droit français, pourrait offrir des solutions plus rapides, confidentielles et efficaces.
De même, la mise en place d’un comité interministériel de soutien aux entreprises en difficulté, à l’image du CIRI en France, renforcerait la coordination entre acteurs publics et privés pour préserver les entreprises stratégiques.
Ainsi, le Maroc entre dans une phase de maturité et de consolidation de son marché du capital-investissement. Avec une volonté politique affirmée, des entreprises en quête de croissance et un tissu financier en pleine structuration, le pays se positionne comme un hub régional du private equity.
Reste désormais à consolider les acquis, à assouplir davantage le cadre réglementaire et à outiller le système pour accompagner les entreprises en fragilité. À ce prix, le Royaume pourrait non seulement absorber davantage de capitaux, mais aussi imposer un modèle de croissance basé sur l’investissement patient, durable et stratégique.