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Le Danemark veut durcir la politique migratoire de l’Union Européenne
Alors que le Danemark s’apprête à prendre la présidence tournante de l’Union européenne le 1er juillet, le gouvernement de Copenhague affiche clairement ses priorités : faire de la politique migratoire un axe central et refonder les mécanismes d’accueil au sein de l’Union. Une orientation assumée, portée à la fois par un discours sécuritaire et par la volonté de remettre en cause certaines normes juridiques européennes.
« Nous devons avoir une Europe plus sûre, plus stable et plus robuste, et cela n’est pas possible si nous ne maîtrisons pas les flux migratoires », a déclaré Marie Bjerre, ministre danoise des Affaires européennes, en présentant les grandes lignes de cette présidence. Le ton est donné : l’immigration reste perçue comme un enjeu sécuritaire majeur par l’exécutif danois.
À la manœuvre, la Première ministre Mette Frederiksen entend défendre deux chantiers sensibles : l’externalisation des demandes d’asile — c’est-à-dire leur traitement hors du territoire européen — et la limitation de la portée des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), jugés parfois trop contraignants pour les États.
Lors d’une visite officielle à Berlin, Mme Frederiksen a rappelé sa volonté de « nouvelles solutions pour réduire l’afflux en Europe » et « faciliter le renvoi de ceux qui ne remplissent pas les conditions de séjour ». Un message bien reçu par le chancelier Friedrich Merz, qui a salué la « cohérence » du modèle danois.
Ce modèle repose sur une approche stricte : permis de séjour d’un an pour les réfugiés, renouvelable sous conditions, et obligation de retour dès que la situation dans le pays d’origine est jugée « sécurisée » par les autorités danoises. Une doctrine qui avait déjà conduit, à l’été 2020, au retrait du statut de protection pour 200 Syriens, au motif que Damas ne présentait plus un niveau de risque suffisant.
Pour les chercheurs, cette approche crée une forme d’instabilité permanente. « On attend des réfugiés qu’ils s’intègrent tout en étant prêts à repartir du jour au lendemain », analyse Marie Sandberg, directrice du Centre sur les Recherches migratoires à l’Université de Copenhague. « Cette précarité fragilise leur insertion et alimente un climat d’incertitude durable. »
Officiellement, le Danemark justifie cette fermeté par la nécessité de préserver son modèle social. Pourtant, le recours à la main-d’œuvre étrangère reste massif : le nombre de permis de travail délivrés a doublé en moins de dix ans, même si ces autorisations peuvent être facilement révoquées.
Copenhague cherche aussi à fédérer plusieurs États européens autour d’une relecture de la Convention européenne des droits de l’homme, accusée de freiner les expulsions. Une démarche qui inquiète les défenseurs des libertés fondamentales. « Le Danemark semble vouloir tester les limites des traités internationaux », prévient Michala Bendixen, présidente de l’association Refugees Welcome. « Cela envoie un message inquiétant sur les principes fondateurs de l’Union. »
Le gouvernement danois, qui avait suspendu en 2023 son projet de transfert des demandeurs d’asile vers des pays tiers comme le Rwanda, entend relancer le débat à l’échelle européenne. Même si les expériences passées d’externalisation ont échoué, les autorités danoises y voient une voie d’avenir.
En 2024, le Danemark n’a accepté que 860 demandes d’asile, soit treize fois moins qu’en 2015. Un chiffre qui illustre le virage assumé par la social-démocratie danoise, autrefois favorable à l’accueil, désormais alignée sur une ligne que l’on retrouve aussi bien à droite qu’à l’extrême droite.
Alors que les crises migratoires se multiplient aux portes de l’Europe, la présidence danoise de l’Union pourrait donner le ton pour les années à venir : celle d’un durcissement progressif, au nom d’une souveraineté migratoire réaffirmée, quitte à bousculer les équilibres juridiques et éthiques de l’Union.
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