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Plages marocaines : les estivants face au diktat illégal des "seigneurs du parasol"

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Plages marocaines : les estivants face au diktat illégal des "seigneurs du parasol"
Par: Naji khaoula
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Sur les côtes du nord du Maroc, ce simple objectif vire pourtant au casse-tête pour de nombreuses familles. À Tanger, Fnideq, Martil ou encore M’diq, des réseaux informels mais bien organisés s’approprient illégalement les plages publiques, installant parasols et chaises longues dès l’aube pour les louer ensuite à prix fort. Une pratique illégale qui persiste, année après année, au détriment des vacanciers.

Meryem, mère de famille originaire de Fès, a fait les frais de cette situation lors d’un séjour à Tanger : « Nous avions nos propres affaires, mais des hommes nous ont interdit de nous installer, exigeant 100 dirhams. Face à leur insistance, nous avons préféré partir. Les enfants étaient dégoûtés. »

Comme elle, des centaines de familles sont confrontées à ces pratiques abusives. Derrière ces installations sauvages se cache un véritable « lobby des parasols », un surnom donné par les riverains à ces groupes souvent liés à des activités informelles, voire délictueuses. Leur modus operandi est rodé : dès 6 heures du matin, ils quadrillent les plages, plantent leurs parasols, puis attendent les vacanciers. Impossible de poser sa serviette sans être interpellé.

Des tarifs arbitraires et une atmosphère de menace

Le tarif moyen imposé varie entre 80 et 100 dirhams, une somme non négligeable pour les familles issues de la classe moyenne. Pire encore, ceux qui refusent de payer sont parfois confrontés à des comportements intimidants. « Quand on proteste, ils haussent le ton, se montrent agressifs. Avec des enfants, on n’a pas envie de risquer une altercation », témoigne un père rencontré à Martil.

Cette mainmise non autorisée provoque un sentiment d’injustice généralisée. Le principe même de l’accès libre et gratuit aux plages publiques est battu en brèche, transformant l’espace balnéaire en territoire contrôlé. Les plus modestes sont les premiers à en pâtir, relégués loin des zones aménagées, souvent moins sûres ou moins accessibles.

Une réponse officielle jugée insuffisante

Malgré les plaintes déposées chaque été, les réactions des autorités restent timides. Certes, à Fnideq, une première opération de démantèlement des installations illégales a récemment été menée, avec le soutien des forces de l’ordre. Un signe encourageant, mais largement insuffisant selon les citoyens. « Une opération isolée ne règle pas un problème enraciné depuis des années », affirme Ahmed, un commerçant tangérois.

Les élus locaux sont aussi pointés du doigt. Très présents lors des cérémonies de lancement de la saison estivale, ils brillent par leur absence lorsqu’il s’agit d’assurer le contrôle sur le terrain. Des commissions de gestion existent théoriquement, mais peinent à produire des effets concrets.

Une question de justice sociale

Au-delà du désagrément immédiat, ce phénomène traduit un enjeu plus large : celui du droit à l’espace public. « La plage, ce n’est pas un luxe, c’est un bien commun. Tout le monde devrait pouvoir en profiter, sans payer une taxe imposée par des groupes illégitimes », s’indigne une vacancière rencontrée à Tétouan.

À l’approche des grandes vacances, la pression monte. Les familles espèrent pouvoir enfin profiter des plages dans un climat apaisé, loin des intimidations et des pratiques mafieuses. Car derrière les parasols, c’est bien le droit à la détente, à la convivialité, et à un été sans contraintes qui est en jeu.

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