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Réforme des prix des médicaments : la colère monte chez les pharmaciens
Alors que le ministère de la Santé s’apprête à faire adopter un décret visant à baisser les prix des médicaments, les pharmaciens montent au créneau. S’ils ne s’opposent pas à la réduction des tarifs, c’est la méthode employée par les autorités qui cristallise leur mécontentement. Ils dénoncent un processus qu’ils jugent opaque et unilatéral, loin de l’approche participative annoncée.
Le 21 juillet à la Chambre des représentants, le ministre de la Santé, Amine Tahraoui, a salué une réforme "sans précédent" de la politique pharmaceutique, fruit d’un long dialogue, selon lui, avec les parties concernées. L’objectif affiché : protéger le consommateur tout en soutenant la production nationale.
Mais cette version des faits est contestée par les représentants des pharmaciens. Mohamed Lahbabi, président de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc, affirme que le décret a été validé sans que les professionnels n’en aient pris connaissance. « Nous avons été invités à donner notre avis, mais aucun texte ne nous a été soumis. Le ministère a avancé sans véritable concertation », regrette-t-il.
Une réforme jugée déséquilibrée
Selon Lahbabi, les pharmaciens ne rejettent pas l’idée d’une baisse des prix, bien au contraire. Ce qu’ils critiquent, c’est l’absence de mesures d’accompagnement pour préserver l’équilibre économique des officines, pourtant recommandé par une étude ministérielle elle-même. Cette étude, confiée à un cabinet spécialisé, souligne la fragilité croissante du secteur et appelle à la mise en place de dispositifs de soutien parallèles à toute révision tarifaire.
Mais pour les pharmaciens, ces recommandations sont restées lettre morte. « Le ministère fait passer le décret en priorité, et reporte les mesures compensatoires à une date indéterminée. Ce sont des promesses creuses », dénonce Lahbabi.
Une baisse ciblée plutôt que généralisée
Autre point de friction : le caractère généralisé de la baisse envisagée. Les professionnels plaident pour une approche sélective, visant en priorité les médicaments onéreux qui pèsent lourd sur les finances des caisses de prévoyance. Selon les données de l’étude, 157 médicaments concentrent à eux seuls 57 % des remboursements.
En revanche, baisser les prix de produits déjà très accessibles pourrait avoir un effet contre-productif, préviennent les pharmaciens. « Cela pourrait entraîner leur retrait du marché, des pénuries, voire des ruptures de traitement pour les patients, avec à la clé un risque accru d’hospitalisations coûteuses », avertit Lahbabi.
Un appel à une réforme "intelligente"
Face à cette situation, les pharmaciens appellent le gouvernement à revoir sa copie. Ils plaident pour une réforme "intelligente et efficace", qui combine accessibilité des médicaments, pérennité des caisses de prévoyance et stabilité économique des pharmacies.
Alors que le décret devrait être présenté sous peu en Conseil de gouvernement, les pharmaciens espèrent encore être entendus. Sans quoi, certains n’excluent pas d’avoir recours à des actions de protestation pour défendre ce qu’ils considèrent comme l’avenir même de leur profession.