Advertising
  • Fajr
  • Lever du soleil
  • Dhuhr
  • Asr
  • Maghrib
  • Isha

Suivez-nous sur Facebook

Cybercriminalité: plus de 60 pays ont signé le traité de l’ONU

14:46
Cybercriminalité: plus de 60 pays ont signé le traité de l’ONU

Un tournant historique vient d’être franchi à Hanoï. Plus de soixante pays ont signé, samedi, le premier traité des Nations Unies dédié à la lutte contre la cybercriminalité, marquant une avancée majeure dans la coopération internationale face à un phénomène en pleine expansion. Ce texte, longtemps débattu et parfois controversé, a été présenté comme un outil global contre les crimes numériques, mais il suscite de fortes inquiétudes parmi les défenseurs des libertés numériques et les géants de la technologie.

Ce cadre juridique international vise à renforcer la coopération entre États pour combattre les crimes informatiques, qu’il s’agisse de la pédopornographie, des arnaques financières ou du blanchiment d’argent. Une fois ratifié par les pays signataires, il entrera officiellement en vigueur. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a salué une « étape importante » dans la lutte mondiale contre la criminalité numérique, tout en rappelant que ce traité « n’est qu’un début ».

Lors de la cérémonie, M. Guterres a souligné la gravité de la menace : « Chaque jour, des escroqueries sophistiquées détruisent des familles, volent des migrants et siphonnent des milliards de dollars de notre économie. Nous avons besoin d’une réponse mondiale forte et connectée. »

Proposée à l’origine par la Russie en 2017 et adoptée par consensus l’an dernier après de longues négociations, la Convention de l’ONU contre la cybercriminalité divise profondément la communauté internationale. Ses detractors craignent qu’elle ne devienne un instrument de contrôle politique et de surveillance internationale.

Parmi les critiques les plus virulentes figure Sabhanaz Rashid Diya, fondatrice du groupe de réflexion Tech Global Institute, qui estime que « le texte pourrait contraindre les entreprises à partager des données sensibles avec les gouvernements, ouvrant la voie à des abus et à la répression des voix dissidentes ». Elle avertit que le traité « reproduit des pratiques typiques des régimes autoritaires, souvent utilisées contre les journalistes et les militants ».

Si plusieurs experts reconnaissent la nécessité d’un cadre mondial face à la montée des arnaques en ligne, notamment en Asie du Sud-Est, ils pointent du doigt des garanties insuffisantes en matière de protection des droits de l’Homme.

Une dizaine d’ONG internationales, dont Human Rights Watch, dénoncent des « garde-fous faibles » et un texte qui « autorise la collecte, la conservation et l’échange massif d’informations entre États, au détriment de la vie privée des citoyens ».

Les grands groupes technologiques, tels que Meta, Dell ou Infosys, ont également exprimé leur inquiétude. Leur délégation, composée de plus de 160 entreprises, a boycotté la cérémonie de signature à Hanoï. Son représentant, Nick Ashton-Hart, a dénoncé un traité susceptible de « criminaliser les chercheurs en cybersécurité » et de « permettre aux États de coopérer pour réprimer presque tous les délits qu’ils souhaitent ».

Ce dernier a rappelé qu’un cadre international existe déjà : la Convention de Budapest sur la cybercriminalité, jugée plus équilibrée et plus respectueuse des libertés fondamentales.

Le choix du Vietnam pour accueillir la signature du traité n’a pas manqué de faire réagir les défenseurs des droits humains. Pour Deborah Brown, de Human Rights Watch, « les autorités vietnamiennes utilisent régulièrement la législation pour censurer et faire taire toute critique en ligne. Ce choix de lieu est symbolique et inquiétant. »

Enfin, plusieurs observateurs soulignent la forte influence de la Russie dans la rédaction du texte. « Moscou se réjouira certainement de la signature de ce traité, qu’elle soutient depuis le début », estime Deborah Brown. « Pourtant, une part significative de la cybercriminalité mondiale émane de Russie, et ce pays n’a jamais eu besoin d’un traité pour la combattre sur son propre territoire. »

Alors que le monde numérique devient un terrain de plus en plus conflictuel, ce traité marque une tentative sans précédent de régulation globale. Mais entre ambitions sécuritaires et menaces sur les libertés, la frontière s’annonce fragile.



Lire la suite

×

Téléchargez l'application Walaw