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Grande mosquée de Paris : entre pressions diplomatiques et remises en question
La brouille diplomatique entre la France et l’Algérie place la Grande Mosquée de Paris dans une situation délicate, alors que son lien avec Alger est de plus en plus critiqué. Cette tension survient alors que l’institution organise son quatrième "iftar des ambassadeurs", un événement auquel doit assister Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères. Toutefois, la présence de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, ne semble pas prévue, contrairement à son prédécesseur Gérald Darmanin, qui répondait systématiquement à l’invitation depuis 2022.
D’un côté, la Grande Mosquée de Paris doit faire face à des changements notables cette année, notamment l’absence des 80 imams psalmodieurs algériens qui sont habituellement envoyés en renfort pendant le ramadan. En effet, selon une source gouvernementale, "le consulat n’a pas reçu de demande de visa" de la part d’Alger. Cette situation reflète une détérioration des relations bilatérales, ce que Chems-Eddine Hafiz, recteur de la mosquée, ne cache pas, admettant que "la situation est compliquée".
D’un autre côté, cette institution religieuse est sous le feu des critiques depuis plusieurs mois. En janvier, elle a été accusée d’avoir mis en place, avec l’appui des autorités algériennes, un système monopolistique de certification halal pour les produits européens destinés au marché algérien. De plus, le lien du recteur avec Alger est remis en question par certains observateurs. Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, lui a reproché, début janvier sur CNews, de ne pas se limiter à son rôle religieux et de jouer un rôle diplomatique officieux.
Face à ces critiques, Chems-Eddine Hafiz défend son institution en affirmant que "la Grande Mosquée de Paris ne s’est jamais cachée d’avoir une relation construite entre l’Algérie et la France", soulignant son rôle de "passerelle vertueuse" entre les deux pays. Toutefois, certains estiment que cette proximité est devenue un fardeau dans le contexte actuel de crispation diplomatique.
En parallèle, la mosquée fait également face à des attaques sur le plan politique. Son refus de participer à la manifestation contre l’antisémitisme du 12 novembre 2023, sous prétexte de ne pas défiler aux côtés du Rassemblement National, a marqué un tournant. Le recteur estime que cette décision a transformé son image aux yeux de l’opinion publique, affirmant qu’"avant, j’étais le musulman qu’il fallait fréquenter à tout prix. Après, je deviens le pire des antisémites".
Sur un plan plus large, l’institution a longtemps été considérée comme un interlocuteur privilégié de l’État français, notamment après la mise à l’écart du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) en 2021. En 2022, entre les deux tours de la présidentielle, Chems-Eddine Hafiz avait même organisé un "iftar républicain" en soutien à la réélection d’Emmanuel Macron, en présence de l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. Cependant, cette position privilégiée semble aujourd’hui fragilisée par les nouvelles orientations du gouvernement.
Par ailleurs, la crise diplomatique entre Paris et Alger, née de la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara marocain en juillet 2024, a connu une escalade avec l’arrestation à Alger de l’écrivain Boualem Sansal en novembre 2024. Dans ce contexte tendu, certains reprochent au recteur de ne pas avoir appelé à sa libération, ce qui a renforcé les accusations de complaisance envers Alger.
Enfin, la crise actuelle comprend également un volet migratoire. Bruno Retailleau a récemment menacé de démissionner si Paris faisait des concessions à Alger sur le renvoi des ressortissants algériens en situation irrégulière. De son côté, Chems-Eddine Hafiz a dénoncé début mars les "faiseurs de peurs", accusant certains responsables politiques et médias de maintenir une "éternelle mise en procès de l’immigration algérienne".
Dans un climat où les tensions entre Paris et Alger semblent loin de s’apaiser, la Grande Mosquée de Paris se retrouve donc prise entre enjeux diplomatiques, religieux et politiques, tentant tant bien que mal de préserver son rôle au sein du paysage institutionnel français.
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