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Le dilemme catalan et la main tendue de Madrid

Le dilemme catalan et la main tendue de Madrid
Mercredi 23 Octobre 2019 - 13:22
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 Rien ne semble décourager le gouvernement espagnol de poursuivre sa politique de main tendue face à une montée de tension en Catalogne, sur fond de condamnation d'ex-responsables indépendantistes.

"Modération" et "Dialogue" sont toujours les mots d’ordre du président du gouvernement espagnol en fonction, Pedro Sanchez, malgré les actes de violence massive survenus la semaine dernière dans cette région autonome du nord du pays ibérique et la forte pression des partis de l'opposition, notamment le parti populaire (PP, droite) et Ciudadanos (centre-droit).

A moins de trois semaines des élections anticipées très attendues, ces deux formations politiques préconisent une ligne plus dure sur la crise catalane à travers la prise de mesures extraordinaires, à savoir la mise en application de l’article 155 de la Constitution pour rétablir l’ordre en Catalogne ou encore le recours à la loi de sécurité nationale qui prévoit la prise de contrôle rapide de certaines compétences dédiées à cette communauté autonome.

Une approche qui n’a certainement pas convaincu le socialiste Sanchez.

"Maintenant que la sentence a été prononcée, une nouvelle étape de coexistence s'ouvre en Catalogne dans laquelle la règle ne peut être que la loi et la Constitution espagnoles", avait-t-il lancé lors d'une déclaration institutionnelle au Palais présidentiel de la Moncloa, après la condamnation à des peines de prison de neuf des douze ex-responsables catalans pour leur rôle dans la tentative de sécession d'octobre 2017.

En effet, M. Sanchez a ainsi appelé à opter pour le dialogue pour essayer de résoudre la crise en Catalogne, s'engageant à garantir le "plein respect" de la sentence prononcée à l'encontre des anciens dirigeants catalans.

"Personne n'est au-dessus de la loi et nous sommes tous obligés de nous y conformer. Personne n'est jugé pour ses idées", a-t-il martelé.

En réponse au verdict de la Cour suprême espagnole, des manifestations massives ont été organisées, depuis le 14 octobre, dans plusieurs villes de la Catalogne, notamment à Barcelone, pour protester contre la condamnation d'ex-dirigeants séparatistes.

Madrid avait dénoncé cette "violence généralisée" dans les manifestations qui ont eu lieu dans plusieurs villes catalanes, particulièrement à Barcelone, Tarragone, Gérone et Lérida, notant que "l'objectif de l'exécutif est et sera à tout moment de garantir la sécurité et la coexistence en Catalogne, conformément à son engagement de fermeté, de proportionnalité et d'unité".

A l'issue d'une série de réunions tenues avec les chefs des principaux partis politiques espagnols pour les consulter sur la situation en Catalogne, M. Sanchez a demandé au chef du gouvernement régional catalan, Quim Torra, et aux membres de son exécutif de condamner +clairement+ et +sans excuses+ le recours à la violence lors de ces manifestations.

Pour le chef du gouvernement espagnol, si "le droit légitime de manifester reconnu par la Constitution doit être protégé (...), il n'y a aucune cause ou raison qui justifie le recours à la violence dans une démocratie comme la notre".

La coexistence et la tranquillité seront restaurées, grâce à la coopération entre toutes les forces de sécurité, y compris les Mossos d'Esquadra (police catalane), a-t-il rappelé.

La réponse du chef de l'exécutif régional catalan n'a pas tardé à venir. Il avait ainsi demandé "l'arrêt immédiat" des violences à Barcelone, où des centaines de manifestants incendiaient des voitures et affrontaient les policiers, attribuant ces émeutes à un groupe d'"infiltrés" et de "provocateurs".

"Nous ne permettrons pas les incidents que nous voyons dans nos rues. Cela doit s'arrêter immédiatement. Il n'y a aucune justification pour brûler des voitures, ni pour tout autre acte de vandalisme", a-t-il déclaré à la télévision régionale.

M. Torra avait même exhorté "le chef du gouvernement central à fixer un jour et une heure pour s'asseoir autour d’une table de négociation sans conditions".

Mais, pour que ce "dialogue soit effectif", l’exécutif espagnol estime toujours que M. Torra doit condamner fermement la violence, "ce qu'il n'a pas fait jusqu'à présent" et "reconnaître l'autre partie des Catalans qui ne sont pas indépendantistes et qui lui réclament de reconstruire la coexistence minée par l'indépendantisme".

C’est tout donc un jeu d’équilibre délicat entre souplesse et fermeté pour le chef du gouvernement espagnol, cible de critiques acerbes des partis de droite qui tentent de hausser la barre quant à la gestion de la crise catalane, à l’approche des législatives.

Et comme lors des précédents scrutins, la Catalogne devrait s'imposer avec force comme thème central de la campagne électorale, dont le lancement officiel est prévu début novembre prochain.

Source : MAP 


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