Advertising

Le Maroc enregistre une baisse significative de l'inflation en 2024

Jeudi 31 Juillet 2025 - 13:00
Le Maroc enregistre une baisse significative de l'inflation en 2024
Par: Naji khaoula
Zoom

En 2024, le Maroc a connu une baisse notable de l'inflation, atteignant son niveau le plus bas en trois ans. Selon le rapport annuel de Bank Al-Maghrib, l'inflation a chuté à 0,9 %, contre 6,1 % en 2023. Cette amélioration est le résultat d'une combinaison de facteurs, notamment la diminution des tensions internationales, une politique monétaire stricte et des mesures publiques ciblées.

Le rapport annuel de Bank Al-Maghrib pour l'année 2024 indique que l'inflation, mesurée par l'indice des prix à la consommation (IPC), a connu une baisse significative. Plusieurs éléments ont contribué à cette tendance, notamment la baisse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires sur le marché international, ainsi que les effets différés du resserrement de la politique monétaire initiée en 2022. De plus, les mesures gouvernementales visant à soutenir le pouvoir d'achat des ménages, notamment par le biais de subventions ciblées et de soutien à la production agricole, ont joué un rôle crucial.

Un des aspects marquants de ce ralentissement est la baisse significative des prix des produits alimentaires volatils, qui avaient été un des principaux moteurs de l'inflation au cours des deux dernières années. Après une hausse de 18,8 % en 2023, ces produits ont vu leurs prix reculer de 2,9 % en 2024. Cette tendance est principalement due à l'amélioration des récoltes, notamment dans les cultures maraîchères et arboricoles, ainsi qu'à la baisse des prix des engrais et de l'énergie.

Les baisses les plus marquées ont été observées pour les agrumes (-26,9 %) et les légumes frais (-16,3 %), tandis que certains produits ont continué à augmenter, comme les poissons frais (+9,7 %), les fruits (+8,6 %), les légumineuses sèches (+8,9 %) et les viandes de volaille et de lapin (+7,3 %).

Les prix des produits à tarifs réglementés ont connu une hausse modérée, avec une augmentation moyenne de 1,2 % contre 0,8 % en 2023. Cette progression est largement attribuable au début de la décompensation du gaz butane, initiée par le gouvernement le 20 mai 2024, qui a entraîné une hausse de 15,3 % du prix du gaz. D'autres facteurs y ont contribué, notamment la quatrième tranche de relèvement de la taxe intérieure de consommation (TIC) sur le tabac, prévue par la loi de finances 2022, qui s'est traduite par une augmentation de 2,3 % du prix des produits de tabac. Les services médicaux ont également vu leurs tarifs croître de 2,3 %.

En revanche, une baisse significative de 5 % a été enregistrée pour les prix des produits pharmaceutiques, en raison de la suppression de la TVA sur ces derniers décidée dans la loi de finances 2024, et des baisses de prix pratiquées par le ministère de la santé sur plusieurs médicaments.

Sur le front énergétique, les prix des carburants et lubrifiants ont poursuivi leur baisse en 2024, bien qu'à un rythme moins soutenu que l'année précédente. Ils ont reculé de 3,4 %, contre 4,1 % en 2023. Ce repli est lié à la poursuite de la baisse des cours du pétrole brut, avec un baril de Brent passé de 82,6 à 80,7 dollars, à la réduction significative de la marge brute de raffinage, tombée de 10,19 à 6,4 dollars le baril, ainsi qu'à l'appréciation du dirham de 1,9 % vis-à-vis du dollar américain.

L'inflation sous-jacente, indicateur clé pour évaluer la dynamique réelle des prix hors effets temporaires, a également nettement ralenti, passant de 5,6 % en 2023 à 2,2 % en 2024. Ce ralentissement s'explique principalement par la décélération des prix des produits alimentaires transformés. Ainsi, les hausses des prix des huiles et du lait ont été contenues à respectivement 1,7 % et 0,4 %, contre 17,9 % et 12,4 % un an auparavant.

Les produits à base de céréales ont même enregistré une baisse de 0,8 %, inversant la tendance de 2023 (+2,1 %). Toutefois, certaines catégories de produits restent sous tension, comme les viandes fraîches, dont les prix ont encore progressé de 11 %, en dépit des mesures d'approvisionnement du marché national.

Du côté des produits non alimentaires, plusieurs postes ont vu leur rythme d'inflation baisser sensiblement. Les prix des meubles et articles de ménage sont passés de 3,8 % à 0,9 %, ceux de l'enseignement de 3,8 % à 2,1 %, et ceux de l'habillement de 3,7 % à 2 %. Au total, la contribution de l'inflation sous-jacente à la variation de l'indice général des prix à la consommation est revenue de 3,5 points de pourcentage en 2023 à 1,4 point en 2024.

L'analyse de la ventilation entre biens échangeables et non échangeables confirme également cette tendance à la détente. Les produits échangeables ont vu leur inflation chuter de 6,4 % à 1,2 %, en lien avec la baisse de l'inflation en zone euro (de 5,5 % à 2,4 %) et l'appréciation du dirham face à l'euro comme au dollar. Les produits non échangeables, quant à eux, ont vu leur renchérissement s'atténuer, passant de 4,5 % à 3,5 %, notamment en raison de la baisse des prix des viandes fraîches et de l'enseignement préélémentaire.

Bank Al-Maghrib souligne que l'atténuation de l'inflation en 2024 s'explique principalement par celle des prix des biens. En effet, la hausse de ces derniers est passée de 8,8 % à 1,2 %, avec un ralentissement très net sur les produits non transformés (de 17 % à 0,6 %) et sur les produits transformés hors carburants (de 5,5 % à 1,5 %). Les services ont également vu leur inflation contenue, avec une hausse modérée de 1,4 %, contre 1,8 % en 2023. Ce repli s'observe notamment dans l'enseignement préélémentaire et primaire (de 5,4 % à 2,3 %), dans l'enseignement secondaire (de 3,6 % à 1,6 %) et dans les forfaits touristiques (de 9,9 % à 4 %).

Sur le plan temporel, l'inflation a évolué en trois phases distinctes au cours de l'année 2024. Elle a débuté au-dessus de 2 % en janvier, avant de chuter brutalement à 0,3 % en février, portée par la baisse des prix des produits alimentaires volatils. Entre mars et mai, l'inflation est restée faible, puis a connu un rebond temporaire entre juin et août (moyenne autour de 1,6 %), avant de redescendre progressivement à 0,7 % en décembre. L'inflation sous-jacente, elle, a suivi une trajectoire beaucoup plus stable, oscillant entre 1,9 % et 2,5 % tout au long de l'année.

Le rapport de Bank Al-Maghrib note également un effet d'apaisement sur le front des prix industriels. Les prix à la production des industries manufacturières hors raffinage ont reculé de 1 %, contre une hausse de 1,6 % en 2023 et de 12,7 % en 2022. Ce recul s'explique notamment par une baisse de 1,1 % dans les industries alimentaires (contre +3,4 % l'année précédente), un effondrement de 5,3 % dans l'industrie chimique (contre -0,6 % en 2023), ainsi qu'un net ralentissement dans la fabrication de produits minéraux non métalliques (de +4,9 % à +0,5 %).



Lire la suite

×

Téléchargez l'application Walaw