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Maroc/États-Unis : vingt ans de libre-échange, un bilan inégal

16:00
Par: Naji khaoula
Maroc/États-Unis : vingt ans de libre-échange, un bilan inégal

Vingt ans après l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange (ALE) entre le Maroc et les États-Unis, le bilan reste mitigé. Prévu comme un levier de diversification économique, d’attraction des investissements et de création d’emplois, l’accord n’a pas permis de corriger les déséquilibres commerciaux entre les deux pays, souligne une analyse récente du think tank américain Brookings Institution.

Signé en 2004 et appliqué dès 2006, l’ALE devait faire du Maroc une plateforme régionale compétitive, encourager la montée en gamme industrielle et favoriser l’emploi. Pourtant, deux décennies plus tard, les échanges sont toujours à sens unique : les importations marocaines en provenance des États-Unis ont fortement augmenté, frôlant 6 milliards de dollars en 2023, tandis que les exportations marocaines vers Washington n’atteignaient que 1,5 milliard de dollars. Ce déséquilibre, selon Brookings, est structurel et non conjoncturel.

L’analyse du think tank précise que la nature des exportations marocaines explique en grande partie cette asymétrie. Les ventes vers les États-Unis se concentrent désormais sur des secteurs à forte intensité capitalistique, comme les engrais et produits chimiques, tandis que les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, notamment le textile et l’habillement, ont perdu du terrain, affectant particulièrement l’emploi féminin. La montée en gamme de l’appareil productif marocain reste également limitée : en 2021, les exportations à haute valeur technologique représentaient seulement 6% du total, un chiffre inférieur à celui enregistré deux décennies plus tôt.

Du côté des investissements directs étrangers, les entreprises américaines privilégient les secteurs capitalistiques tels que l’aéronautique, les énergies renouvelables et les technologies environnementales. Ces investissements soutiennent la production mais ont un impact limité sur la création d’emplois et la transformation structurelle du tissu économique marocain.

Brookings insiste sur les asymétries de l’accord : le Maroc a consenti à des réductions tarifaires plus importantes que les États-Unis, qui, disposant d’une base industrielle plus compétitive, ont largement tiré profit du dispositif. Le déficit commercial américain avec le Maroc, marginal en 2005, s’élevait à 3,4 milliards de dollars en 2024, reflétant une tendance durable.

Le think tank souligne également la fragilité politique de tels accords. L’imposition en avril 2025 par Washington d’un droit de douane de 10% sur certaines importations marocaines, en contradiction avec les engagements de l’ALE, illustre cette vulnérabilité : « Les accords bilatéraux n’annulent pas les rapports de force ; ils les institutionnalisent », notent les experts.

Pour Brookings, l’expérience marocaine met en lumière les limites des ALE bilatéraux entre pays de tailles et niveaux de développement très différents. L’accès préférentiel au marché américain ne garantit ni compétitivité ni transformation structurelle, en l’absence d’un appareil productif diversifié et solide. Alors que l’intégration régionale africaine s’accélère, les experts se demandent si le libre-échange bilatéral peut véritablement stimuler le développement économique sans changements profonds de la production nationale.



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