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Revolut aux portes du Maroc : une révolution bancaire en marche ?

09:45
Revolut aux portes du Maroc : une révolution bancaire en marche ?
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Selon des informations révélées par Jeune Afrique, la banque numérique britannique Revolut a entamé au mois d’août des discussions préliminaires avec Bank Al-Maghrib. Derrière ce simple échange se cache un enjeu de taille : l’entrée possible de la fintech la plus valorisée d’Europe — 33 milliards de dollars — sur le marché marocain. Un marché jusque-là verrouillé par des mastodontes locaux, dont la rentabilité repose largement sur des frais bancaires dénoncés comme abusifs.

Depuis des décennies, les clients marocains — qu’ils soient résidents ou membres de la diaspora — subissent une facture bancaire lourde. Frais de tenue de compte, cartes, virements : la note oscille entre 1 000 et 2 000 dirhams par an. En 2024, ces commissions ont rapporté près de 10 milliards de dirhams aux banques locales, soit 14 % de leur produit net bancaire. Des chiffres qui illustrent un paradoxe : dans un pays où les transferts des Marocains de l’étranger ont atteint 117 milliards de dirhams, le consommateur reste davantage une rente qu’un client.

C’est précisément ce modèle que Revolut entend bousculer. L’application, déjà adoptée par des millions d’utilisateurs à travers le monde, repose sur une promesse simple : offrir des services bancaires de base gratuits, enrichis d’options payantes pour ceux qui souhaitent aller plus loin. Une logique radicalement opposée à celle des acteurs traditionnels marocains, qui pour l’heure préfèrent se murer dans le silence face à cette menace.

Mais l’arrivée de Revolut ne dépend pas seulement de la volonté de ses dirigeants. Elle se heurte à un environnement réglementaire encore fragile. La loi 31-08 sur la protection du consommateur reste floue sur les remboursements en cas de fraude bancaire, alors qu’il s’agit d’un acquis depuis longtemps en Europe ou aux États-Unis. De même, la loi 09-08 sur la protection des données personnelles, adoptée en 2009, paraît totalement dépassée face aux défis du numérique et de l’intelligence artificielle.

En réalité, l’éventuelle implantation de Revolut dépasse la question des services financiers. Elle pose un dilemme politique : le Maroc choisira-t-il de moderniser son cadre législatif pour offrir à ses citoyens une alternative compétitive et transparente, ou préférera-t-il protéger un oligopole bancaire dont les marges prospèrent sur l’absence de concurrence ?

Derrière cette équation, c’est la crédibilité même du pays en matière d’ouverture économique et de protection des consommateurs qui se joue. Revolut, en frappant à la porte du marché marocain, ne vient pas seulement défier les banques : elle met à l’épreuve la volonté des autorités d’accompagner — ou non — la transformation numérique et financière du royaume.



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