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Administration marocaine : la réforme freinée par une bureaucratie tenace
Malgré des années de réformes ambitieuses et de lois censées moderniser l’action administrative, l’administration publique marocaine reste engluée dans des pratiques rigides et dépassées. C’est le constat accablant dressé par un rapport de l’Institut Marocain d’Analyse des Politiques (IMAP), qui alerte sur l’écart grandissant entre les intentions affichées et la réalité du terrain.
Une réforme ambitieuse… mais peu appliquée
Adoptée en 2020, la loi 55.19 visait à simplifier les procédures administratives et à réconcilier les citoyens avec leur administration. Elle prévoyait notamment la suppression de documents redondants, comme le certificat de célibat ou celui de non-divorce, ainsi que le remplacement de certaines pièces justificatives par une simple déclaration sur l’honneur. Mais quatre ans plus tard, le bilan est loin d’être positif.
Selon le rapport, de nombreuses administrations continuent d’exiger des documents abolis, de réclamer la légalisation de signatures ou encore la présentation de copies multiples, malgré les textes légaux en vigueur. Ce retour aux anciennes pratiques, souvent dicté par des instructions internes plutôt que par la loi elle-même, crée une confusion préjudiciable pour les usagers.
La loi évincée par les pratiques informelles
Intitulé « Le labyrinthe de l’usager dans les méandres de l’administration publique », le rapport met en lumière un phénomène préoccupant : la suprématie des directives internes sur les textes législatifs. Dans de nombreux cas, les chefs de service imposent des règles contraires à la loi, installant une double norme qui mine l’autorité juridique et alimente la méfiance citoyenne.
Cette dérive est renforcée par des textes ambigus, laissant libre cours à des interprétations bureaucratiques qui freinent toute avancée concrète. Résultat : une administration où l’arbitraire supplante la règle, et où l’expérience de l’usager reste souvent frustrante.
Une déconcentration administrative encore inachevée
Le rapport s’attarde également sur les échecs du processus de déconcentration, censé rapprocher les services de l’État des citoyens. Or, la majorité des décisions restent entre les mains des administrations centrales, tandis que les services de proximité sont privés de l’autonomie nécessaire pour agir efficacement. Cette centralisation excessive ralentit le traitement des demandes et alourdit les délais.
Des services inégaux selon les administrations
Autre constat inquiétant : les disparités flagrantes entre administrations. Si certains services de sécurité affichent une certaine efficacité, les administrations civiles peinent à suivre. Souvent, la qualité du service dépend davantage de l’humeur ou de la bonne volonté du responsable que de critères objectifs, remettant en question le principe d’égalité de traitement entre les citoyens.
Digitalisation : une modernisation encore superficielle
La transition numérique, pourtant présentée comme un levier majeur de la réforme, peine à produire ses effets. Les plateformes numériques existent, mais leur usage reste marginal. Beaucoup d’administrations continuent de privilégier le format papier et refusent la validité de documents électroniques ou de rendez-vous pris en ligne. Cette incohérence illustre le manque de coordination entre la digitalisation et la simplification des procédures.
Des avancées timides et un manque d’engagement
Certes, quelques progrès sont à noter : suppression de certains certificats illégaux, unification partielle des démarches, efforts de dématérialisation… Mais ces avancées restent fragiles. L’absence de sanctions contre les pratiques rétrogrades et le manque d’incitations à l’engagement réel des fonctionnaires freinent la dynamique de réforme.
Les recommandations de l’IMAP : vers une administration plus responsable
Pour sortir de cette impasse, l’IMAP appelle à revoir certains articles de la loi 55.19, jugés trop permissifs, notamment ceux qui laissent une large marge de manœuvre aux administrations. L’adoption d’une loi sur l’administration numérique est également jugée prioritaire, tout comme la formation continue des agents, et l’intégration de l’intelligence artificielle pour optimiser la qualité de service.
Le rapport recommande aussi de renforcer la Commission nationale pour la simplification des procédures, en élargissant ses pouvoirs, en améliorant sa gouvernance et en publiant régulièrement des indicateurs de performance. Il suggère enfin un système articulé autour de la responsabilisation, avec des mécanismes clairs de formation, d’évaluation, d’incitation et de sanction.
L’administration marocaine se trouve aujourd’hui à un tournant. Si les réformes législatives ont posé les fondations d’un service public plus moderne, leur mise en œuvre reste entravée par des résistances structurelles. La confiance des citoyens ne pourra être rétablie qu’à travers une volonté politique affirmée, des mesures concrètes, et une rupture franche avec les réflexes bureaucratiques du passé.
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