Aéronautique marocaine : de la consolidation industrielle à la montée en valeur

L’industrie aéronautique marocaine, portée par une progression continue au cours de la dernière décennie, s’impose aujourd’hui comme l’un des secteurs industriels les plus structurants de l’économie nationale. Après une phase d’expansion soutenue, le secteur entre désormais dans un cycle de consolidation stratégique, ouvrant la voie à une montée en gamme et à un positionnement accru sur des métiers à forte valeur ajoutée.

À l’horizon 2026, les signaux sont globalement favorables. Cette dynamique repose sur l’élargissement progressif des compétences, l’intégration de technologies plus avancées et le renforcement d’écosystèmes industriels intégrés, dans un contexte mondial marqué par la recomposition des chaînes de valeur et la recherche de plateformes industrielles fiables.

Des fondamentaux solides et des indicateurs encourageants

Fruit d’un travail structurant mené sur plusieurs années, l’aéronautique nationale a consolidé ses bases industrielles et renforcé son attractivité auprès des grands donneurs d’ordre internationaux. Dans un environnement mondial caractérisé par la reprise graduelle du trafic aérien et des exigences accrues en matière de souveraineté industrielle, le Maroc a su confirmer son statut de plateforme compétitive et résiliente.

Les performances à l’export illustrent clairement cette trajectoire. À fin octobre 2025, les exportations du secteur ont dépassé les 23,65 milliards de dirhams, plaçant l’industrie aéronautique sur la voie d’un nouveau record annuel. Cette évolution reflète la montée en cadence des sites industriels implantés au Royaume, aussi bien dans l’assemblage que dans les segments des structures, des systèmes et des équipements à plus forte valeur ajoutée.

Le tissu industriel compte aujourd’hui plus de 140 entreprises couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur. Cette diversité permet au secteur d’absorber de nouveaux programmes, d’élargir son périmètre d’intervention et de renforcer progressivement son contenu technologique.

Vers un écosystème intégré et plus technologique

Le positionnement du Maroc dépasse désormais le simple rôle de base de production à coûts compétitifs. Le Royaume s’affirme comme un écosystème intégré, capable de répondre aux standards internationaux les plus exigeants en matière de qualité, de certification et de délais.

Cette évolution a été confortée par le lancement, le 13 octobre 2025 à Nouaceur, des travaux du complexe industriel de moteurs d’avions du groupe Safran, au sein de la plateforme industrielle intégrée Midparc, lors d’une cérémonie présidée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Le projet comprend une usine d’assemblage et de test de moteurs ainsi qu’une unité dédiée à la maintenance et à la réparation des moteurs de nouvelle génération LEAP.

Au-delà de l’investissement industriel, ce projet illustre la confiance renouvelée d’un leader mondial dans les capacités industrielles, humaines et technologiques du Maroc. Il marque une étape déterminante dans la montée en gamme du secteur vers des métiers à très haute valeur ajoutée.

Capital humain et nouvelles chaînes de valeur : les leviers de 2026

La consolidation actuelle s’appuie également sur un effort soutenu en matière de formation et de développement du capital humain. Ingénierie, transfert de compétences et intégration locale commencent à produire des résultats tangibles, avec une main-d’œuvre de plus en plus qualifiée et une meilleure capacité à accompagner des programmes complexes.

Sur le plan international, la reconfiguration des chaînes de valeur mondiales renforce l’attractivité du Maroc. Dans un contexte de tensions géopolitiques et de contraintes logistiques, le Royaume s’impose comme une alternative crédible, combinant proximité avec l’Europe, stabilité macroéconomique et environnement industriel structuré.

Ces évolutions ouvrent des perspectives nouvelles, notamment dans les segments de la maintenance, des systèmes embarqués et de l’ingénierie avancée. L’horizon 2026 apparaît ainsi comme une phase de croissance qualitative, davantage orientée vers la valeur, l’innovation et la durabilité que vers le seul volume.

Le principal défi du secteur résidera dans sa capacité à capitaliser sur ces acquis tout en accompagnant l’évolution rapide des technologies aéronautiques, en particulier celles liées à la transition énergétique et à la décarbonation.