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Disparition de Ziad Takieddine, figure sulfureuse des affaires politico-financières

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Disparition de Ziad Takieddine, figure sulfureuse des affaires politico-financières

L’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine est décédé mardi 23 septembre à Beyrouth, à l’âge de 75 ans, dans un hôpital où il était soigné depuis plusieurs jours. Sa disparition clôt le parcours d’un personnage trouble, tour à tour intermédiaire d’influence, accusateur clé de Nicolas Sarkozy, puis témoin rétracté dans l’affaire du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007.

Né en 1950 au Liban, Takieddine avait fait fortune dans le commerce d’armes et les affaires internationales. Proche de réseaux politico-économiques en France comme au Moyen-Orient, il s’était imposé comme un intermédiaire influent dans les années 1990, notamment lors des contrats d’armement liés à l’affaire Karachi. Condamné à plusieurs reprises, il s’était réfugié au Liban pour échapper à la justice française.

Mais c’est surtout son rôle dans l’affaire Sarkozy-Kadhafi qui l’a placé au centre de l’attention médiatique et judiciaire. Dès 2012, Takieddine affirme détenir des preuves de versements occultes libyens en faveur de Nicolas Sarkozy, qu’il accuse d’avoir bénéficié de millions d’euros de la part du régime de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne de 2007. Dans une interview retentissante à Mediapart en 2016, il raconte avoir transporté trois valises d’argent liquide entre Tripoli et Paris, destinées à l’ancien président et à son entourage. Ces accusations, fermement démenties par Nicolas Sarkozy et ses proches, vont hanter la vie politique française pendant plus d’une décennie.

En novembre 2020, contre toute attente, Takieddine se rétracte dans un entretien à Paris Match et à la chaîne BFM TV, déclarant qu’il n’avait jamais affirmé que Sarkozy avait reçu de l’argent libyen. Ce revirement spectaculaire suscite des soupçons de manipulation. Une enquête est ouverte pour subornation de témoin, et l’ombre d’un marchandage politico-financier plane sur cette volte-face. En 2023, Nicolas Sarkozy est mis en examen pour « recel de subornation de témoin » et « association de malfaiteurs », tandis que son épouse Carla Bruni est citée dans l’enquête, bien qu’elle nie toute implication.

Au-delà de ces scandales, Takieddine demeurait un symbole : celui de ces intermédiaires de l’ombre, naviguant entre affaires d’État, financements occultes et relations diplomatiques parallèles. Son décès à Beyrouth intervient alors que le procès du financement libyen de la campagne Sarkozy doit prochainement s’ouvrir, laissant derrière lui un dossier judiciaire encore brûlant et des questions sans réponse.

La disparition de Takieddine met un point final à la trajectoire d’un homme qui, pendant plus de trente ans, aura incarné la part opaque des relations entre politique, argent et pouvoir, en France comme au Moyen-Orient. Mais elle ne clôt pas les enquêtes en cours : la justice française devra désormais composer avec le silence définitif d’un témoin devenu incontournable malgré ses revirements.



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