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Engrais marocains : Washington rouvre le dossier OCP dans un climat commercial tendu
Une nouvelle page s’ouvre dans le litige opposant le géant marocain des phosphates OCP S.A. et plusieurs industriels américains. La Commission du commerce international des États-Unis (USITC) a annoncé, mardi 10 juin, l’ouverture d’un second réexamen des droits compensateurs imposés depuis 2021 sur les importations marocaines d’engrais phosphatés. Cette décision fait suite à une injonction de la Cour de commerce internationale (CIT), qui a estimé que certaines zones d’ombre n’avaient toujours pas été levées.
Un différend ancien mais toujours d’actualité
Ce conflit trouve son origine en mars 2021, lorsque l’USITC avait jugé que les importations d’engrais phosphatés en provenance du Maroc et de la Russie, jugées subventionnées, causaient un préjudice significatif à l’industrie américaine. Cette évaluation avait conduit à l’imposition d’un droit compensateur de 19,97 % sur les produits marocains, pénalisant directement les exportations du groupe OCP S.A., principal fournisseur de ces engrais aux États-Unis.
Le groupe marocain, soutenu par d’autres acteurs du secteur comme EuroChem North America Corporation, Koch Fertilizer et PhosAgro PJSC, avait contesté cette décision devant la CIT. En septembre 2023, la Cour avait demandé un premier réexamen, pointant du doigt plusieurs failles méthodologiques. Malgré une confirmation des conclusions par l’USITC en janvier 2024, la CIT est revenue à la charge en avril 2025, ordonnant un nouveau réexamen.
Une procédure strictement encadrée
Dans son avis publié dans le Federal Register, l’USITC a précisé que ce nouveau réexamen, appelé « second remand », ne prendra en compte que les contributions des parties déjà impliquées dans les procédures précédentes. Aucune nouvelle preuve ne sera admise. Les observations doivent s’appuyer uniquement sur le dossier existant, et les mémoires doivent être transmis avant le 20 juin 2025, dans une limite de 25 pages.
Toutes les communications se feront exclusivement via la plateforme électronique EDIS. Les dépôts papier restent interdits, et les données sensibles devront suivre les règles strictes de confidentialité en vigueur. Le calendrier des auditions n’a pas encore été fixé, mais les parties peuvent déjà signaler leur intention d’y participer oralement, sous conditions.
Un enjeu stratégique pour l’économie marocaine
Au-delà du débat juridique, l’enjeu pour le Maroc est de taille. Avec plus de 70 % des réserves mondiales de phosphate, le royaume occupe une place centrale dans le marché mondial des fertilisants. Le groupe OCP, véritable locomotive de l’économie nationale, assurait en 2019 près de 60 % des importations américaines en MAP et DAP, des engrais hautement concentrés. À l’époque, le marché américain représentait environ un cinquième du chiffre d’affaires du groupe, soit près de 1,9 milliard de dollars.
Depuis l’application des droits compensateurs, les exportations marocaines vers les États-Unis se sont fortement contractées, contraignant Rabat à diversifier ses débouchés. Néanmoins, la perte du marché américain reste difficilement compensable à court terme, tant en volume qu’en rentabilité.
Un dossier à portée géopolitique
Cette affaire se déroule dans un contexte global de tensions sur les chaînes d’approvisionnement agricoles, accentuées par les conflits géopolitiques et les changements climatiques. La sécurité alimentaire mondiale dépend en grande partie d’un accès stable aux fertilisants, dont les phosphates sont un élément-clé. L’évolution de cette procédure sera donc suivie de près, tant à Rabat qu’à Washington, et au-delà.
Le verdict attendu de la Commission pourrait bien redessiner l’équilibre commercial sur ce marché stratégique. Pour l’OCP comme pour ses partenaires américains, l’enjeu n’est pas seulement économique, mais aussi politique.
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