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L’Algérie criminalise la colonisation française

Mercredi 24 - 22:55
L’Algérie criminalise la colonisation française

Mercredi, le Parlement algérien a franchi une étape historique en adoptant à l’unanimité une loi criminalisant la colonisation française (1830-1962) et en appelant à des excuses officielles de la France. Les députés, vêtus d’écharpes aux couleurs du drapeau national, ont applaudi le passage du texte, scandant « Vive l’Algérie ! » au sein de l’hémicycle, tandis que le président de l’Assemblée populaire nationale, Brahim Boughali, soulignait l’unanimité de l’approbation.

La nouvelle législation désigne plusieurs « crimes de la colonisation » jugés imprescriptibles, notamment les essais nucléaires menés dans le Sahara, les exécutions extrajudiciaires, la torture physique et psychologique à grande échelle et le pillage systématique des ressources algériennes. Le texte affirme également que « l’indemnisation complète et équitable pour tous les dommages matériels et moraux est un droit inaliénable pour l’État et le peuple algériens ».

Malgré sa portée symbolique forte, les experts restent prudents sur l’impact concret de la loi. Selon Hosni Kitouni, historien spécialisé dans la colonisation à l’université d’Exeter, « juridiquement, cette loi n’a aucune portée internationale et ne peut donc obliger la France », mais elle représente « un moment de rupture dans le rapport mémoriel avec la France ».

Le vote intervient dans un contexte diplomatique déjà tendu, notamment après la reconnaissance par Paris d’un plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine » pour le Sahara, ainsi que plusieurs incidents récents, dont l’incarcération et la libération ultérieure de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.

La question coloniale reste une plaie ouverte dans les relations entre les deux pays. La conquête de l’Algérie, débutée en 1830, s’est traduite par des massacres massifs, des déportations et la destruction des structures socio-économiques. La guerre d’indépendance (1954-1962) a coûté la vie à plus d’un million d’Algériens selon Alger, et jusqu’à 400 000 selon les historiens français. La loi prévoit par ailleurs la décontamination des sites d’essais nucléaires effectués par la France entre 1960 et 1966 dans le Sahara.

Enfin, le texte stigmatise la collaboration avec l’occupant, en qualifiant de « haute trahison » l’action des harkis et en prévoyant des sanctions contre toute apologie ou justification de la colonisation. Depuis les années 1980, la criminalisation de la colonisation française avait été évoquée à plusieurs reprises en Algérie, mais jamais concrétisée jusqu’à ce vote historique.

Cette initiative reflète une volonté de réaffirmer la mémoire nationale et de poser un jalon symbolique dans la relation complexe et parfois conflictuelle entre l’Algérie et son ancienne puissance coloniale.



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