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Médecine dentaire illégale au Maroc : un danger silencieux pour la santé publique

Hier 14:30
Médecine dentaire illégale au Maroc : un danger silencieux pour la santé publique
Par: Naji khaoula
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Dans les faubourgs de Casablanca, les souks de Marrakech ou les quartiers populaires de Rabat, une menace silencieuse plane sur la santé bucco-dentaire des citoyens : la médecine dentaire illégale. Dissimulé derrière des enseignes anodines de « laboratoires de prothèses », un réseau parallèle de pseudo-praticiens opère en toute impunité, mettant en péril la vie de milliers de Marocains.

L'Ordre National des Médecins Dentistes (ONMD), après des années de retenue, lance un cri d’alarme face à une situation devenue critique. Il ne s’agit plus simplement d’un problème professionnel, mais d’un fléau de santé publique.

Ces ateliers de fortune, qui promettent des soins à prix cassés, séduisent principalement les populations les plus vulnérables. Mais derrière les tarifs attractifs, les risques sont considérables. Infections graves, nécroses osseuses, paralysies faciales, ou encore septicémies foudroyantes : les complications liées à ces interventions clandestines se multiplient.

Selon l’ONMD, ces individus sans formation médicale manipulent des produits contrefaits, utilisent des anesthésiants périmés et réalisent des actes chirurgicaux sans respecter les normes élémentaires d’hygiène. « Il est inacceptable que des actes relevant exclusivement de la médecine soient pratiqués dans des conditions aussi dangereuses », affirme l’organisation professionnelle dans un communiqué.

Le flou juridique entretenu autour du rôle des prothésistes dentaires contribue à cette dérive. En principe, ces derniers sont uniquement autorisés à fabriquer des dispositifs sur prescription. Or, certains franchissent la ligne rouge en recevant des patients, posant eux-mêmes des prothèses, voire réalisant des extractions ou des soins invasifs.

Face à cette situation, les autorités sanitaires peinent à suivre le rythme. Les contrôles restent sporadiques, et les sanctions peu dissuasives. Malgré les descentes effectuées par les services d’hygiène et les rappels à l’ordre ministériels, le phénomène prend de l’ampleur.

Les répercussions dépassent les frontières. Plusieurs ambassades étrangères ont alerté leurs ressortissants sur les dangers de soins dentaires non encadrés au Maroc. Une alerte préoccupante, alors que le Royaume ambitionne de se positionner comme une destination de choix pour le tourisme médical.

Pour enrayer cette spirale, l’ONMD appelle à une stratégie ferme : fermeture immédiate des établissements illégaux, poursuites judiciaires systématiques, et durcissement des peines prévues par la loi. La récente multiplication des facultés d’odontologie — aujourd’hui au nombre de onze — vise aussi à réduire la pénurie de praticiens qualifiés, l’une des causes structurelles du problème.

Il en va désormais de la crédibilité du système de santé marocain. Garantir l’accès aux soins ne peut se faire au détriment de leur qualité. La lutte contre l’exercice illégal de la médecine dentaire s’impose comme un impératif sanitaire et éthique pour un Maroc qui aspire à conjuguer modernité médicale et justice sociale.

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