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Motos-taxis à Casablanca : innovation urbaine ou bombe à retardement ?

17:00
Motos-taxis à Casablanca : innovation urbaine ou bombe à retardement ?

Dans les rues congestionnées de Casablanca, un nouveau mode de transport gagne du terrain : les motos-taxis. Portés par des applications numériques et une demande croissante de mobilité rapide, ils séduisent chaque jour davantage d’usagers. Mais derrière leur succès fulgurant se cache une réalité préoccupante : absence de cadre légal, non-respect des règles de circulation et risques sécuritaires majeurs.

De la débrouille aux plateformes numériques

Initialement cantonnés aux quartiers populaires et aux marchés, les motos-taxis transportaient des clients « de l’ombre » : ouvriers, poissonniers, mécaniciens. Leur usage s’est progressivement démocratisé. Aujourd’hui, grâce à des plateformes comme InDrive ou Yango, le service s’institutionnalise, attirant un public plus large en quête de rapidité et de bas prix. « Je réalise jusqu’à 15 courses par jour », affirme Ayoub, jeune conducteur qui a fait de cette activité son gagne-pain.

Un vide juridique inquiétant

Problème : comme les VTC avant eux, les motos-taxis circulent dans une zone grise. Aucun texte ne reconnaît officiellement leur existence, et aucune réglementation ne fixe leurs obligations. Cette absence de cadre alimente une concurrence déloyale vis-à-vis des taxis classiques et prive l’État de recettes fiscales. En cas d’accident, la question de la responsabilité reste floue, laissant passagers et conducteurs dans une situation précaire.

Sécurité sacrifiée sur l’autel de la vitesse

Au-delà de la légalité, c’est la sécurité qui interpelle le plus. Casques absents ou usés, non-respect des feux, conduites acrobatiques : les témoignages des passagers sont éloquents. Entre boulevard Zerktouni et 2 Mars, un conducteur zigzaguait entre les voitures sans casque de rechange. Un autre, sur l’axe Ghandi–Liberté, roulait une main sur le guidon, l’autre sur son téléphone. Ces pratiques, loin d’être isolées, traduisent une culture de l’improvisation qui met en danger passagers, conducteurs et piétons.

Une attractivité qui défie la raison

Pourquoi alors un tel engouement ? La réponse tient en deux mots : rapidité et économie. Une course en moto-taxi coûte jusqu’à deux fois moins cher qu’en taxi et permet d’échapper aux interminables embouteillages. Dans une ville où les transports publics peinent à répondre à la demande, la moto apparaît comme une solution pratique, quitte à fermer les yeux sur les risques.

Vers quel arbitrage institutionnel ?

Casablanca illustre une contradiction grandissante : les motos-taxis comblent un vide fonctionnel laissé par l’offre de transport traditionnelle, mais leur développement anarchique menace la sécurité et l’équité économique. La question n’est donc plus de savoir s’ils sont utiles – car ils le sont déjà – mais de décider comment les encadrer. Réguler ou interdire ? Intégrer ou marginaliser ? L’arbitrage, désormais, appartient aux pouvoirs publics.

En attendant une réponse, la capitale économique continue de vibrer au rythme des moteurs, entre solution ingénieuse et bombe à retardement.



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