Groenland : Trump ravive les tensions en nommant un envoyé spécial

13:33

Le président américain Donald Trump a ravivé le débat sensible autour du Groenland en annonçant, dimanche, la nomination du gouverneur de Louisiane, Jeff Landry, au poste d’envoyé spécial des États-Unis auprès de Groenland. Une décision qui relance les tensions avec Nuuk et Danemark, tous deux fermement opposés à toute perspective d’annexion.

Dans un message publié sur son réseau Truth Social, Donald Trump a justifié ce choix en affirmant que Jeff Landry « comprend à quel point le Groenland est essentiel à la sécurité nationale américaine » et qu’il serait chargé de défendre les intérêts des États-Unis et de leurs alliés en matière de « sûreté, de sécurité et de survie ». Le président américain a une nouvelle fois mis en avant l’importance stratégique de l’île arctique, tant pour sa position géopolitique que pour ses ressources naturelles.

En réaction, Jeff Landry, gouverneur depuis janvier 2024, a remercié le chef de l’État américain sur le réseau X. Il a qualifié cette mission de « poste bénévole » et assuré qu’elle n’aurait aucune incidence sur ses fonctions locales. L’élu républicain s’est montré aligné sur la vision présidentielle, déclarant que son rôle consisterait à « œuvrer pour faire du Groenland une partie intégrante des États-Unis », une affirmation qui a immédiatement suscité de vives réactions.

Donald Trump défend depuis plusieurs années l’idée que le Groenland devrait rejoindre les États-Unis, arguant de considérations liées à la sécurité, à la rivalité stratégique dans l’Arctique et à l’accès aux ressources minières. Cette position, déjà exprimée lors de son précédent mandat, avait alors provoqué une crispation diplomatique avec Copenhague et Nuuk.

Du côté groenlandais, les autorités ont réaffirmé leur opposition à toute remise en cause du statut de l’île, territoire largement autonome sous souveraineté danoise. La ministre groenlandaise des Affaires étrangères, Vivian Motzfeldt, a reconnu que les déclarations américaines avaient semé le doute au sein de la population locale. Elle a toutefois insisté sur la nécessité de maintenir un dialogue ouvert avec Washington afin de préserver les relations bilatérales.

S’appuyant sur des propos rapportés par la presse groenlandaise, Vivian Motzfeldt a rappelé que le Groenland et les États-Unis coopèrent depuis plus de 80 ans sur la base d’intérêts communs, notamment en matière de défense et de sécurité dans l’Arctique. Elle a estimé qu’il était désormais « nécessaire de rétablir la confiance » pour poursuivre cette coopération historique.

À Copenhague, le ministre danois des Affaires étrangères a réagi en soulignant que la nomination d’un envoyé spécial confirmait l’intérêt durable des États-Unis pour le Groenland. Il a toutefois rappelé que cette relation devait s’inscrire dans le respect du droit international et de l’intégrité territoriale du Royaume du Danemark, appelant à la retenue dans les prises de position publiques.

Cette nouvelle initiative américaine replace ainsi le Groenland au cœur des enjeux géopolitiques arctiques, dans un contexte marqué par la montée des rivalités internationales et par l’importance croissante de la région sur les plans stratégique, énergétique et climatique.