Jérusalem-Est : la démolition d’un immeuble à Silwan ravive les tensions

17:30

Des bulldozers israéliens ont entamé, lundi matin, la démolition d’un immeuble résidentiel abritant une douzaine de familles palestiniennes dans le quartier de Silwan, à Jérusalem Est. L’opération, menée sous haute protection policière, a suscité de vives réactions des autorités palestiniennes, qui dénoncent une politique de déplacements forcés.

Dès l’aube, plusieurs engins de chantier de la municipalité israélienne, appuyés par un important dispositif de sécurité, ont commencé à détruire les façades de l’immeuble de quatre étages, situé à proximité de la Vieille Ville. Selon des sources locales, près d’une centaine de personnes, parmi lesquelles des femmes, des enfants et des personnes âgées, vivaient dans le bâtiment.

Parmi les habitants expulsés, Eid Shawar, 38 ans, père de cinq enfants, raconte avoir été réveillé par les forces de l’ordre. « Ils ont forcé la porte et nous ont demandé de nous changer rapidement. On nous a dit de ne prendre que nos papiers et documents importants. Nous n’avons pas été autorisés à emporter nos meubles », témoigne-t-il, sans savoir où reloger sa famille. « C’est une tragédie », résume-t-il.

La question de Jérusalem reste au cœur du conflit israélo-palestinien. Les tensions y sont particulièrement fortes à Jérusalem-Est, secteur majoritairement palestinien occupé et annexé par Israël depuis 1967. Cette situation est régulièrement dénoncée par la communauté internationale, l’Organisation Des Nations Unies considérant l’annexion comme illégale et ne reconnaissant pas Jérusalem comme capitale d’Israël.

Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, suivie de la guerre à Gaza, les tensions se sont encore accentuées dans la ville sainte. Israël considère Jérusalem-Est comme partie intégrante de sa capitale, tandis que les Palestiniens revendiquent la ville comme future capitale de leur État.

Dans un communiqué, le Gouvernorat de Jérusalem, instance rattachée à l’Autorité palestinienne, a dénoncé « une politique systématique visant à vider la ville de ses habitants palestiniens ». Deux ONG israéliennes, Ir Amim et Bimkom, ont également critiqué la démolition, affirmant qu’elle est intervenue sans préavis, quelques heures avant une réunion prévue entre l’avocat des résidents et un responsable municipal pour évoquer une éventuelle régularisation du bâtiment.

Selon ces organisations, il s’agit de la plus importante démolition à Jérusalem-Est depuis le début de l’année 2025, précisant qu’environ une centaine de familles palestiniennes ont déjà perdu leur logement cette année.

Contactée, la municipalité israélienne de Jérusalem a justifié l’opération en affirmant que l’immeuble avait été construit sans permis et faisait l’objet d’un ordre judiciaire de démolition depuis 2014. Les autorités municipales indiquent également que le terrain était destiné à un usage récréatif et sportif, et non à l’habitation.