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Economie

L’Afrique accélère sa révolution financière avec une explosion des paiements instantanés

Vendredi 14 - 21:40

Les systèmes de paiement instantané (SPI) connaissent une expansion fulgurante sur le continent africain. Selon le rapport The State of Inclusive Instant Payment Systems in Africa 2025 publié par AfricaNenda Foundation, en partenariat avec la Banque mondiale et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), les SPI actifs ont traité 64 milliards de transactions d’une valeur totale de 1.980 milliards de dollars en 2024. Une progression spectaculaire qui confirme la transformation numérique du secteur financier africain.

Une croissance soutenue et des performances inégalées

Entre 2020 et 2024, le volume des transactions a augmenté en moyenne de 35 % par an, tandis que leur valeur progressait de 26 % chaque année. En juin 2025, l’Afrique comptait 36 systèmes de paiement instantané opérationnels, contre 31 un an plus tôt. Parmi eux, 33 sont nationaux et 3 régionaux : le PAPSS (Système panafricain de paiement et de règlement), le GIMACPAY (CEMAC) et le TCIB (SADC).

De nouveaux acteurs sont venus renforcer cette dynamique au cours de l’année écoulée, avec le lancement de Switch Mobile (Algérie), Eswatini Payment Switch, LYPay (Libye), Salone Payment Switch (Sierra Leone) et SIPS (Somalie) — tous disponibles 24h/24 et 7j/7.

Sept pays africains disposent aujourd’hui de plusieurs SPI opérationnels, dont l’Égypte, le Ghana, le Kenya, le Maroc, le Nigeria, l’Afrique du Sud et la Tanzanie. Au total, 31 pays du continent ont déjà mis en place un système national de paiement instantané, et 19 autres préparent activement leur lancement.

Le Nigeria en tête, un modèle d’inclusivité

Le rapport met en lumière un constat majeur : un seul système africain a atteint un niveau d’inclusivité mature, celui du NIBSS Instant Payment (Nigeria). Ce système couvre tous les cas d’usage, assure des mécanismes de recours solides pour les consommateurs et garantit des coûts faibles pour les utilisateurs finaux.

Dix autres SPI, dont le GIMACPAY, EthSwitch (Éthiopie), Mobile Money Interoperability (Ghana) ou encore le National Financial Switch (Zambie), progressent vers ce modèle idéal d’interopérabilité et d’accessibilité.

Des usages en pleine diversification

Les paiements de personne à personne (P2P) restent les plus courants, pris en charge par 35 systèmes, suivis des transactions de personne à entreprise (P2B) présentes dans 27 SPI. Seuls 11 systèmes permettent aujourd’hui les paiements transfrontaliers, un axe stratégique pour l’intégration économique du continent.

L’étude révèle également que les applications mobiles dominent les usages, adoptées par 33 systèmes, reflétant la hausse du taux de pénétration des smartphones. Les protocoles USSD, accessibles depuis des téléphones basiques, occupent la deuxième place, tandis que les solutions web, QR code et agents bancaires complètent l’écosystème.

Une transformation portée par la digitalisation et l’inclusion

Cette explosion des paiements instantanés illustre la maturité croissante des infrastructures numériques africaines et la volonté des gouvernements et institutions financières d’accélérer l’inclusion financière. En effet, ces systèmes permettent de connecter des millions de citoyens, y compris ceux sans compte bancaire, à un réseau de paiements fluide, sécurisé et peu coûteux.

L’enjeu désormais consiste à étendre l’interopérabilité régionale et à renforcer la confiance des utilisateurs grâce à des dispositifs de sécurité et de transparence renforcés.

Pour AfricaNenda Foundation, le développement durable de ces systèmes représente une opportunité historique : celle de bâtir une Afrique financièrement intégrée, où les paiements se feront instantanément, sans frontières et pour tous.