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Les animaux en laboratoires, ces êtres vivants qui meurent pour nous
Que ce soit en recherche fondamentale ou appliquée, l'expérimentation animale prend différentes formes: la privation d'oxygène et de sommeil afin de créer de l'anxiété, de l'agressivité, des convulsions ou de l'hypertension chez les animaux, la transplantation, la greffe de têtes et d'organes, des décharges électriques, des tumeurs provoquées, l'ablation de nerfs, l'absorption de drogues et d'alcool, la noyade forcée, les essais de gaz toxiques, la manipulation génétique et la trépanation.
Souvent qualifiées de fiables et d'indispensables, les expérimentations en laboratoires sur les animaux, étant des "organismes entiers", seraient nécessaires à la mise au point de médicaments ou autres produits. Néanmoins, de plus en plus d'experts témoignent de l'inefficacité de l'expérimentation animale.
En effet, une étude menée par un consortium de chercheurs visant à tester l'exactitude des expériences sur les souris pour reproduire les changements qui surviennent lors de trois troubles inflammatoires humains sévères, à savoir le trauma, la septicémie et les brûlures, a montré que les modèles de l'expression génique chez les humains et chez les souris éprouvant ces troubles ne sont pas corrélés.
Les auteurs de cette étude publiée en 2013 dans Proceedings of the National academy of sciences of the United States of America (PNAS), une revue scientifique américaine à comité de lecture publiant les comptes-rendus de l'Académie américaine des sciences, ont expliqué que les réactions chez le modèle murin (souris) correspondaient de manière presque aléatoire à celles des humains.
Les chercheurs avaient donc appelé à accorder une priorité plus élevée à l'étude des conditions humaines plus complexes plutôt que de s'appuyer sur des modèles murins pour étudier les maladies inflammatoires humaines.
Cette étude et tant d'autres viennent appuyer l'idée que l'anatomie, la physiologie et le métabolisme des animaux et des humains diffèrent considérablement, laissant penser qu'il est impossible de prédire si un être humain réagira de façon identique ou de façon différente.
Par ailleurs, plusieurs études ont révélé que l'aspirine, un des antalgiques les plus utilisés, provoque des malformations tératogènes chez les souris, les rats, les chiens, les chats, les lapins et les singes.
Face à la cruauté des tests infligées aux animaux, plusieurs personnes prônent l'utilisation de la règle des 3 R, réduire, raffiner et remplacer, dont le but est de mettre en place et développer des lignes directrices dites "humaines" dans l'expérimentation animale.
Élaborée en 1959, cette règle constitue le fondement de la démarche éthique appliquée à l'expérimentation animale en Europe et en Amérique du Nord et consiste à réduire le nombre d'animaux en expérimentation, à raffiner la méthodologie utilisée, ce qui implique d'obtenir plus d'informations pertinentes à moindre coût en terme de "mal être" animal et à remplacer, chaque fois que cela est possible, le modèle in vivo par des modèles in vitro ou "in silico", notamment des modèles mathématiques et bio-informatique.
En effet, plusieurs méthodes alternatives de recherche existent, dont la culture de cellules, de tissus et d’organes, le recours à des micro-organismes, la biologie moléculaire, les études de tissus post-mortem, les études statistiques et épidémiologiques sur les populations et la dissection virtuelle. Des méthodes qui, non seulement épargnent les animaux d'une immense souffrance, mais sont également souvent moins onéreuses et plus précises.
Chaque année, la journée mondiale des animaux dans les laboratoires, célébrée le 24 avril, rassemble les militants anti-vivisection qui tentent de sensibiliser le grand public quant aux expérimentations animales, sujet controversé face auquel les avis sont souvent ambivalents.
Source : MAP