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Marchés publics : de sérieux soupçons de favoritisme secouent plusieurs communes
Des gouverneurs refusent de valider des marchés entachés de soupçons de favoritisme dans plusieurs régions
Des signaux d’alerte sont apparus dans la gestion des marchés publics de plusieurs communes marocaines, où des pratiques jugées douteuses ont poussé certains gouverneurs à opposer un refus catégorique à leur validation. À l’origine de cette décision : des rapports d’inspection accablants pointant une concentration anormale des marchés entre les mains de seulement trois entreprises.
Les faits concernent plus de 23 collectivités territoriales situées dans les régions de Casablanca-Settat, Marrakech-Safi et Fès-Meknès. Les contrats en cause, d’une valeur globale dépassant les 15 millions de dirhams, portent essentiellement sur l’acquisition d’équipements informatiques, de systèmes de pointage et de caméras de surveillance. Des technologies de pointe qui, selon de jeunes entreprises écartées, ont été confiées à des prestataires bénéficiant d’un traitement préférentiel.
Ces allégations ont été corroborées par des rapports élaborés par des commissions relevant de l’Inspection générale de l’administration territoriale. Ces dernières se sont penchées sur les cahiers des charges des appels d’offres, révélant l’existence de clauses techniques discriminatoires excluant, de fait, de nombreux concurrents.
Des liens personnels entre décideurs et entreprises en cause
Plus préoccupant encore, les inspecteurs ont mis au jour des relations personnelles suspectes entre certains élus ou fonctionnaires et les responsables des entreprises attributaires. Des mécanismes de réciprocité entre responsables administratifs sont également évoqués : chacun faciliterait à « son » entreprise l’accès à des marchés dans la circonscription d’un autre, en échange d’un retour d’ascenseur.
L’ensemble de ces éléments a suffi à convaincre plusieurs gouverneurs dont certains fraîchement nommés dans le cadre du dernier mouvement de mutation de suspendre la validation des marchés incriminés.
Une mobilisation renforcée du ministère de l’Intérieur
Face à la gravité de la situation, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a rappelé à l’ordre les responsables locaux. À travers une circulaire transmise via la Direction générale des collectivités territoriales, il a exhorté les présidents de conseils communaux à signaler tout dysfonctionnement ou obstacle dans la mise en œuvre du décret n° 2.22.431 du 8 mars 2023 sur les marchés publics. Deux adresses électroniques ont été mises à leur disposition pour signaler anomalies et suggestions.
Cette action s’inscrit dans un plan plus large porté par la Direction des finances des collectivités territoriales, visant à améliorer la transparence et la gestion des fonds publics au niveau local.
Des preuves numériques et des témoignages à l’appui
Les inspections ont été nourries par des données issues de la plateforme nationale de suivi des marchés publics, de la Trésorerie générale du Royaume et de la Direction générale des impôts. Certaines entreprises lésées ont même remis des preuves documentées étayant leurs accusations, tandis que plusieurs responsables communaux ont été convoqués pour fournir des explications.
Ce nouveau scandale, bien que localisé, met une nouvelle fois en lumière les lacunes persistantes dans la gestion des appels d’offres publics au Maroc, et relance le débat sur l’équité, la transparence et l’accès à la commande publique, notamment pour les jeunes entreprises innovantes.