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Naissances en recul : la France franchit un cap historique
Un cap symbolique vient d’être franchi en mai 2025 : pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France a enregistré plus de décès que de naissances sur une période de douze mois. Selon les données compilées par l’économiste François Geerolf à partir des statistiques de l’Insee, 651.000 décès ont été enregistrés contre 650.000 naissances, basculant ainsi le solde naturel du pays dans le négatif.
Ce phénomène marque un tournant majeur pour l’équilibre démographique national. Si les projections anticipaient ce renversement à l’horizon 2027, l’accélération de la tendance en surprend plus d’un. Pour le démographe Gérard-François Dumont, ce basculement était prévisible, voire inévitable, au vu des signaux d’alerte ignorés depuis des années.
Une natalité en berne, reflet d’une crise de confiance
Depuis 2010, la natalité française ne cesse de décliner. En métropole comme en Outre-mer, le nombre de naissances a chuté d’environ 20 %, conséquence directe, selon certains spécialistes, du désengagement progressif de l’État dans la politique familiale. « Cela fait dix ans que la natalité est en baisse par une perte de confiance dans la politique sur la famille », affirme Gérard-François Dumont.
Longtemps considérée comme une exception européenne en matière de fécondité, la France voit aujourd’hui son avance s’effriter. Ce recul compromet les piliers mêmes du modèle social français, notamment la pérennité des retraites par répartition et la solidarité intergénérationnelle.
Le poids croissant du vieillissement
Si les naissances diminuent, la mortalité, elle, augmente mécaniquement avec le vieillissement des générations du baby-boom. Entre janvier et mai 2025, le nombre moyen de décès quotidiens a grimpé de 3,6 % par rapport à la même période en 2024. Cette hausse s’inscrit dans une dynamique à long terme qui devrait perdurer, avec un pic démographique actif prévu autour de 2040, avant une décrue progressive jusqu’à 2070.
Certaines régions, notamment rurales, pourraient voir leur population active chuter dès 2036, accentuant les déséquilibres territoriaux et les tensions sur les services publics.
Un enjeu stratégique pour l’avenir
Ce tournant démographique invite à une réflexion d’ampleur sur les politiques publiques à venir. Repenser le soutien à la parentalité, adapter les infrastructures de santé et de retraite, réorganiser les territoires : autant de défis que les responsables politiques devront relever pour éviter une crise structurelle.
Le recul des naissances n’est pas une fatalité. Mais il nécessite une volonté politique forte, des mesures incitatives concrètes, et surtout, un projet de société qui redonne confiance aux familles.
La France entre dans une nouvelle ère démographique. Le dépassement des décès sur les naissances n’est pas qu’un chiffre : c’est un miroir tendu à une société en mutation, qui doit, dès aujourd’hui, se projeter dans l’avenir avec lucidité et ambition.