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Politique monétaire : comment Bank Al-Maghrib influence durablement la valeur du dirham

Samedi 13 - 19:35
Par: Naji khaoula
Politique monétaire : comment Bank Al-Maghrib influence durablement la valeur du dirham

Les leviers par lesquels Bank Al-Maghrib agit sur la valeur externe du dirham font l’objet d’une analyse universitaire approfondie, fondée sur plus de trente ans de données macroéconomiques. Cette recherche met en évidence le rôle central joué par la politique monétaire marocaine dans la trajectoire du taux de change, à travers la régulation de la liquidité, la conduite du taux interbancaire et la gestion des réserves en devises.

S’appuyant sur des séries annuelles couvrant la période 1990-2024, l’étude montre que les interventions de la banque centrale ne produisent pas uniquement des effets ponctuels, mais influencent aussi les équilibres de long terme du dirham. Dans un contexte marqué par une évolution progressive du régime de change et par des chocs économiques externes récurrents, les choix opérés par l’autorité monétaire apparaissent comme des déterminants structurels de la stabilité monétaire.

Intitulée The Shorter- and Longer-Term Impacts of Moroccan Central Bank Interventions on Exchange Market, cette recherche, menée par l’économiste Mohammed El-Khodary, repose sur un modèle économétrique autorégressif à retards échelonnés (ARDL). Celui-ci intègre plusieurs variables clés, notamment l’inflation, le taux interbancaire, la croissance de la masse monétaire et le niveau des réserves de change. Les résultats révèlent l’existence d’un lien de long terme entre ces indicateurs et le taux de change, traduisant une sensibilité durable du dirham aux fondamentaux monétaires.

L’analyse souligne également la capacité du dirham à retrouver rapidement son niveau d’équilibre après un choc. Cette rapidité d’ajustement, jugée élevée par rapport à celle observée dans des économies comparables, reflète selon l’auteur l’efficacité des mécanismes de correction mis en place par la banque centrale.

Des relations structurelles bien établies

Sur le plan méthodologique, l’étude s’appuie sur un cadre économétrique adapté à des variables présentant des niveaux de stationnarité différents. Les tests montrent que certaines séries sont stables en niveau, tandis que d’autres ne le deviennent qu’après transformation, ce qui justifie le recours au modèle ARDL. Les résultats des tests de cointégration confirment l’existence d’une relation structurelle entre le dirham et ses déterminants macroéconomiques.

À long terme, l’inflation exerce une pression négative sur la valeur externe de la monnaie nationale, conformément aux mécanismes classiques liant hausse des prix et perte de compétitivité monétaire. À l’inverse, l’accumulation de réserves de change apparaît comme un facteur de soutien durable du dirham, en renforçant la capacité d’intervention de Bank Al-Maghrib sur le marché des changes.

La croissance de la masse monétaire est, quant à elle, associée à une tendance à la dépréciation lorsqu’elle s’inscrit dans la durée, tandis que le taux interbancaire agit par le canal financier : un relèvement des taux accroît l’attractivité des actifs libellés en dirhams et soutient ainsi la monnaie.

Ajustements de court terme et crédibilité monétaire

À court terme, les effets observés sont plus nuancés et souvent différés. Les variations immédiates de l’inflation n’entraînent pas systématiquement de réactions instantanées du taux de change, mais leurs impacts apparaissent avec un certain décalage, traduisant des mécanismes d’anticipation et d’ajustement progressif des agents économiques.

Les réserves de change soutiennent la monnaie dans l’immédiat, tandis que l’effet du taux interbancaire se manifeste principalement après un délai, suggérant que les arbitrages financiers nécessitent un temps d’adaptation. Les tests statistiques confirment par ailleurs la robustesse du modèle, tant en termes de stabilité des coefficients que de qualité des estimations.

Au-delà des résultats chiffrés, l’étude met en avant la cohérence de la conduite monétaire marocaine sur la durée. Malgré les transformations du cadre de change et les chocs exogènes successifs, Bank Al-Maghrib serait parvenue à préserver la crédibilité de son action. La stabilité du dirham reposerait ainsi sur une articulation étroite entre gestion des réserves, maîtrise de la liquidité et pilotage des taux d’intérêt, soulignant l’importance d’une approche globale et coordonnée de la politique monétaire.



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