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La Syrie introduira de nouveaux billets en braille
La Syrie s’apprête à franchir une étape historique dans sa politique monétaire. Le 8 décembre 2025, date symbolique marquant le premier anniversaire de la destitution de Bachar el-Assad, la Banque centrale mettra en circulation de nouveaux billets de banque dotés d’une impression en braille, une première pour le pays.
L’annonce a été faite par le gouverneur de la Banque centrale, Abdul Qadir al-Hasriya, lors d’une conférence de presse à Damas. Cette initiative, saluée comme une mesure humanitaire et inclusive, a été proposée par la ministre des Affaires sociales et du Travail, Hind Kabawat, à la suite d’une demande formulée par des associations de personnes malvoyantes.
Selon l’agence officielle SANA, cette réforme vise à faciliter la reconnaissance des coupures pour les personnes non voyantes, tout en symbolisant une nouvelle ère d’accessibilité et de transparence dans la vie publique syrienne.
La Syrie devient ainsi l’un des rares pays du Moyen-Orient à adopter ce dispositif, aux côtés de l’Égypte et du Yémen. Ces deux États avaient introduit le braille sur leurs billets au cours de la dernière décennie, une innovation encore peu répandue dans la région.
Au Liban, la Banque du Liban affirme déjà produire des coupures imprimées en relief, mais celles-ci ont souvent été critiquées pour leur manque de lisibilité, le braille étant à peine perceptible au toucher.
Cette réforme intervient dans un contexte économique délicat, marqué par une crise monétaire profonde et un effondrement historique de la livre syrienne depuis le début de la guerre civile en 2011. La devise est passée d’environ 50 livres pour un dollar à plus de 10 000, une chute vertigineuse qui a plongé la majorité de la population dans la pauvreté.
Dans son plan monétaire de redressement, le gouverneur al-Hasriya a également annoncé la suppression de deux zéros sur l’ensemble des six nouvelles coupures. Ce changement, purement symbolique selon la Banque centrale, ne modifiera pas la valeur réelle de la monnaie, mais vise à simplifier les transactions et à restaurer la confiance du public.
Les nouveaux billets se distingueront par une conception neutre et modernisée : aucun portrait ni symbole liés à Bachar ou Hafez el-Assad n’y figurera. Cette décision marque la volonté de la nouvelle administration de tourner la page de l’ère Assad et d’inscrire la Syrie dans une dynamique de reconstruction et de modernisation institutionnelle.
Pour Abdul Qadir al-Hasriya, il s’agit d’un « acte de rupture et d’espoir » : « Ces nouvelles coupures incarnent une Syrie nouvelle, tournée vers l’avenir et attentive à tous ses citoyens, sans distinction. »
L’introduction du braille sur la monnaie syrienne n’a donc pas seulement une portée pratique, mais aussi symbolique : celle d’un pays qui cherche à réconcilier inclusion sociale et refondation nationale, dans un climat encore fragile.