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Mobile money : pourquoi le Maroc reste à la traîne en Afrique

19:30
Par: Naji khaoula
Mobile money : pourquoi le Maroc reste à la traîne en Afrique

Le dernier rapport d’Afrobarometer, consacré à l’usage des comptes de mobile money dans 35 pays africains, met en évidence de fortes disparités régionales. Le Maroc y figure à l’avant-dernière place du classement continental. Seuls 12 % des Marocains disposent aujourd’hui d’un compte de paiement mobile, un niveau qui place le Royaume juste devant la Tunisie. Cette performance contraste fortement avec la moyenne africaine, estimée autour de 60 %, et met en lumière un retard structurel du mobile money en Afrique du Nord, en particulier au Maroc.

Cette situation tranche avec celle observée dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, où le mobile money s’est imposé comme un outil financier central. Le classement d’Afrobarometer révèle l’émergence de marchés devenus matures, caractérisés par une adoption massive, un usage quotidien et une intégration profonde dans les pratiques économiques. Le Kenya s’impose comme le leader incontesté du continent, avec environ 92 % d’adultes équipés. Depuis son lancement en 2007, M-Pesa y structure largement l’économie du quotidien, des paiements courants aux salaires, en passant par les aides sociales. Dans ce pays, le compte mobile remplace fréquemment le compte bancaire traditionnel.

Derrière le Kenya, le Gabon affiche un taux d’adoption proche de 89 %, porté par une forte urbanisation et par le rôle central des opérateurs télécoms dans les paiements de proximité. Le Ghana arrive en troisième position avec près de 88 % d’utilisateurs, soutenu par un écosystème numérique dynamique où le mobile money joue un rôle clé aussi bien dans le commerce formel qu’informel. Les autorités publiques y ont également recours pour certains paiements. Le Sénégal se classe quatrième avec un taux légèrement supérieur à 80 %, le mobile money y étant utilisé comme levier d’inclusion financière, notamment dans les zones rurales. L’Eswatini complète le top 5 africain, avec un usage intensif à petite échelle, favorisé par la taille réduite du pays et par une bonne interopérabilité des services.

Ces pays leaders partagent plusieurs facteurs communs. Les cadres réglementaires y sont généralement favorables aux opérateurs mobiles, avec des modèles simples et flexibles, adaptés aux réalités locales. Les réseaux télécoms couvrent largement les territoires, y compris les zones rurales, grâce à des investissements continus. Les coûts restent accessibles pour les ménages modestes et les services proposés répondent à des besoins concrets, tels que les transferts d’argent, les paiements du quotidien et l’épargne de précaution. Le mobile money s’intègre ainsi directement à l’économie réelle et accompagne des revenus souvent irréguliers.

À l’inverse, l’Afrique du Nord affiche les taux d’adoption les plus faibles du continent, avec une moyenne inférieure à 30 %. Les paiements en espèces y demeurent largement dominants et les habitudes financières évoluent lentement. La bancarisation classique conserve une place centrale, tandis que les cadres réglementaires freinent encore l’essor des solutions mobiles. Les procédures d’autorisation sont souvent longues et complexes, et la valeur ajoutée du mobile money reste insuffisamment perçue par une partie des usagers.

À l’échelle continentale, le mobile money s’impose néanmoins comme la principale porte d’entrée vers l’inclusion financière. Alors que 37 % des Africains disposent d’un compte bancaire, près de 60 % possèdent un compte mobile. Ce modèle réduit les barrières d’accès, limite les déplacements et améliore la sécurité des transactions. Il permet aux ménages de mieux faire face aux chocs économiques, aux petits commerçants de fluidifier leurs paiements et aux États de renforcer la traçabilité des flux financiers. Malgré des défis persistants, notamment en matière d’interopérabilité, de cybersécurité et de protection des consommateurs, le mobile money apparaît comme un pilier structurant des services financiers africains de demain, dont le Maroc peine encore à exploiter pleinement le potentiel.



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