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Îlot Leïla : une traversée symbolique relance les tensions entre Rabat et Madrid
Entre geste politique et symbole national, une traversée annoncée par 94 militants marocains vers l’îlot Leïla vient raviver une vieille plaie diplomatique entre le Maroc et l’Espagne, sur fond de crispations liées au Sahara et aux enclaves occupées.
Une initiative inattendue a surgi sur la côte méditerranéenne marocaine : un groupe de 94 militants, majoritairement marocains et certains binationaux hispano-marocains, prévoit une traversée symbolique vers l’îlot Leïla (appelé Perejil en Espagne). Objectif affiché : dénoncer la récente présence d’un représentant du Front Polisario lors du congrès du Parti populaire espagnol (PP). Cette démarche est perçue par les organisateurs comme une réaction à une « provocation politique » menaçant l’intégrité territoriale du Maroc.
À la tête de ce mouvement, Yahia Yahia, ancien président de la commune de Beni Ensar et ex-membre de la Chambre des conseillers, a relancé le « Comité de coordination pour la libération de Sebta et Melilia », resté inactif depuis plus d’une décennie. Selon lui, le PP espagnol a franchi une ligne rouge en donnant une tribune à ce qu’il qualifie d’« ennemis de la souveraineté marocaine ». Il déclare : « Nous ne restons pas les bras croisés. Cette opération est une réponse symbolique mais déterminée à l’occupation de nos territoires. »
Une action reportée mais maintenue
Prévue initialement pour le week-end dernier depuis la plage de Belyounech, près de Fnideq, la traversée a dû être ajournée en raison de mauvaises conditions météorologiques. Les militants n’ont cependant pas abandonné leur projet, affirmant être prêts à entreprendre leur action dès que la mer le permettra. Aucun obstacle officiel n’a été dressé par les autorités marocaines jusqu’à présent, ce que les organisateurs interprètent comme un signe de compréhension tacite.
Une tension ravivée par un documentaire espagnol
Cette initiative intervient dans un climat diplomatique déjà tendu, exacerbé par la diffusion sur la plateforme Movistar Plus+ d’un documentaire intitulé Perejil. Le film revient sur la crise de 2002, lorsque le Maroc avait brièvement occupé l’îlot Leïla, avant une réaction militaire espagnole. Le documentaire recueille les témoignages d’acteurs clés de l’époque, dont l’ex-chef du gouvernement espagnol José María Aznar et l’ancienne ministre Ana Palacio, mais aussi de responsables américains. Richard Armitage, alors vice-secrétaire d’État, y affirme que Washington avait dû intervenir pour éviter une escalade militaire, à une époque marquée par la lutte contre le terrorisme international.
L’ancien président français Jacques Chirac y est également mentionné pour sa position en faveur du Maroc. Selon Aznar, Chirac aurait conseillé à Madrid de céder Sebta et Melilia à Rabat et de reconnaître la marocanité du Sahara. Une posture qui, à l’époque, avait été perçue comme un appui stratégique majeur pour le royaume chérifien.
Le débat sur la souveraineté relancé
Le documentaire révèle également l’existence d’un document administratif marocain datant d’avant 2002, attestant que l’îlot Leïla dépendait de la préfecture de M’diq-Fnideq. Cette information relance le débat sur la légitimité de la présence espagnole non seulement sur Leïla, mais aussi sur d’autres territoires comme Sebta, Melilia et les îles Jaafarines.
En Espagne, plusieurs médias ont rapidement établi un lien entre cette tension symbolique et la fermeture temporaire de certaines douanes commerciales avec les présides occupés. Bien que le ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares, ait tenté de désamorcer la controverse, assurant que les relations avec Rabat sont à leur « meilleur niveau historique », la réalité sur le terrain semble contredire cette lecture optimiste.
Un climat diplomatique fragilisé
Le retour sur le devant de la scène du Comité de coordination pour la libération de Sebta et Melilia, combiné à des gestes politiques jugés provocateurs de part et d’autre, pourrait bien fragiliser les efforts de rapprochement menés ces dernières années entre Rabat et Madrid. Au-delà d’une simple opération militante, la traversée prévue vers l’îlot Leïla réaffirme une revendication territoriale profondément ancrée dans la mémoire collective marocaine.
Et même si ce débarquement reste purement symbolique, il souligne combien les questions de souveraineté territoriale demeurent des lignes de fracture sensibles dans les relations entre les deux pays voisins.