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Présidentielles au Mexique: quatre candidats, la sécurité en toile de fond

Présidentielles au Mexique: quatre candidats, la sécurité en toile de fond
Samedi 30 Juin 2018 - 12:20
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Le Mexique, qui se prépare, ce dimanche 1er juillet, à une élection présidentielle cruciale pour départager les quatre candidats en lice, demeure confronté au fléau de la criminalité, avec une campagne électorale sous le signe de la violence.

Depuis le lancement de la campagne pour les élections générales (fédérale, régionale et locale) en septembre dernier, un total de 133 hommes politiques ont été tués, selon le décompte du cabinet d'études Etellekt.

Parmi les victimes figurent 20 candidats et 28 pré-candidats à des mandats locaux. "Au moins 71% des agressions ont visé des autorités élues ou des candidats qui aspiraient à des mandats locaux, particulièrement des postes dans les municipalités", a précisé le directeur du cabinet d'études Etellekt, Ruben Salazar.

Ce qui fait de cette élection la plus violente de l'histoire du pays. À titre de comparaison, lors des dernières élections, en 2012, il n'y avait eu que neuf hommes politiques assassinés et un candidat.

Outre ce chiffre alarmant, une vingtaine de journalistes se sont fait tuer ou sont portés disparus depuis janvier dernier, selon les autorités locales.

Ce contexte sanglant fait que la criminalité est devenu au fil des semaines un enjeu central du scrutin de ce dimanche, alors que la politique menée par les gouvernements successifs n'ont aucunement permis de l’endiguer.

"Nous vivons dans un pays d'impunité totale, où les groupes qui exercent la violence contrôlent les municipalités où se sont déroulés ces assassinats", écrit le mensuel mexicain, le Gatopardo.

Dans un contexte de crise sociale et politique, les préoccupations des électeurs tournent autour de la corruption et la hausse de la criminalité, due essentiellement à l'essor du trafic de drogue, qui ravage le pays.

Des thèmes sur lesquels la figure charismatique de la gauche mexicaine et favori des sondages Andres Manuel Lopez Obrador, a surfé avec succès grâce à un discours populaire et la promesse de combattre ces fléaux.

Selon les derniers sondages, Lopez Obrador possède un avantage de plus de 20 points sur Ricardo Anaya, qui dirige une coalition de droite et de gauche (formée par le PAN, le PRD et le Mouvement citoyen), tandis que José Antonio Meade, du PRI (parti au pouvoir), apparaît seulement en troisième position. Le candidat indépendant Jaime Rodriguez Calderon, gouverneur de l'Etat de Nuevo Leon (nord) arrive dernier dans les intentions de vote.

Pour stopper l'hécatombe, Lopez Obrador a proposé une amnistie pour les narcotrafiquants, provoquant une vive polémique. Le candidat s’est ensuite ravisé, réservant la mesure uniquement aux petits cultivateurs de marijuana et de pavot. Une idée rejetée en bloc par le dirigeant du PAN, Ricardo Anaya, qui veut "renforcer le renseignement", et par José Antonio Meade, qui souhaite "s'attaquer au blanchiment d’argent", a souligné dans une déclaration à la MAP le professeur des sciences politiques à l'Université des Amériques, Mohamed Badine El Yattioui.

Si les candidats ont proposé plusieurs mesures pour pacifier un pays en proie aux violences liées aux cartels de la drogue, Rodriguez Calderon, lui, est allé plus loin en proposant de couper la main aux criminels.

Sur le plan politique, un parfum de changement plane sur cette campagne électorale. Le scrutin pourrait ainsi marquer la fin d’un régime, celui du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre), qui a gouverné le pays durant soixante et onze ans jusqu’en 2000.

Après l’alternance politique du Parti action nationale (PAN, droite), avec les présidences de Vicente Fox (2000-2006) et de Felipe Calderon (2006-2012), l’ancien parti hégémonique est revenu au pouvoir avec l’élection d’Enrique Peña Nieto (2012-2018). Mais à l’issue de ces six ans, l’image du PRI est entachée par des scandales financiers et une violence record, explique M. El Yattioui.

Dans la même veine, la professeur des sciences politiques à l'Université des Amériques, Claudia Barona Castaneda, a fait observer que le candidat de gauche, qui s'est lancé dans un marathon de meetings pour approcher les électeurs de toutes les communautés du pays, "a bien compris la réalité sociale et politique du moment et su profiter de la défiance des citoyens à l'égard des élites politiques au pouvoir".

Dans ce pays où la droite et le centre règnent en maîtres depuis plus de 70 ans, cette potentialité de victoire de la gauche changerait la donne pour les classes populaires dans un contexte de retour de la droite au pouvoir dans de nombreux pays d’Amérique latine, explique la politologue mexicaine.

Ainsi, les quelque 89 millions d'électeurs sont appelés à choisir entre la continuité et le changement. Outre le président, 500 députés fédéraux, 128 sénateurs, 8 gouverneurs, plus de 900 députés locaux et près de 1.600 présidents municipaux seront élus.

Source : MAP 


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