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Ukraine : les évacuations s’intensifient à Kramatorsk, cible des frappes russes
Les bras ballants, Angela Bolonze contemple une montagne de sacs plastiques débordant d’habits. Cette mère de deux filles vient de quitter son village, à la périphérie de Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine. Autour d’elle, d’autres familles s’apprêtent à monter dans les bus affrétés pour l’évacuation.
Sous la pression croissante des frappes russes, les autorités ukrainiennes ont ordonné le départ des enfants et de leurs parents dans plusieurs quartiers du sud-est de cette cité industrielle, autrefois peuplée de 150 000 habitants — ils ne seraient plus qu’un tiers à y vivre aujourd’hui.
Un bastion logistique menacé
Ancien fief brièvement occupé par des séparatistes prorusses en 2014 avant d’être reconquis par Kiev, Kramatorsk est devenue la plaque tournante logistique de l’armée ukrainienne dans la région de Donetsk.
Mais la Russie contrôle désormais près de 80 % de cette oblast stratégique et tente de percer vers la ville, dernier verrou avant les vastes plaines du centre-est ukrainien.
« Quand l’évacuation a été annoncée, les gens ont commencé à partir », souffle Angela, 34 ans, la voix brisée. Si elle a fini par céder, c’est après plusieurs attaques de drones explosifs FPV qui ont incendié des véhicules civils près de chez elle. « Deux voitures et un camion militaire ont été détruits », raconte-t-elle.
Des drones omniprésents et un hiver redouté
Depuis plusieurs semaines, les villes voisines de Droujkivka et Kostiantynivka, avant-postes de la défense ukrainienne, subissent des attaques quotidiennes de drones.
Les Russes multiplient les frappes pour désorganiser la logistique et épuiser les troupes ukrainiennes.
À Kramatorsk même, un drone guidé par fibre optique a frappé un véhicule en plein centre-ville le 5 octobre — une première, perçue comme un sinistre avertissement.
Avec l’hiver approchant, les analystes militaires redoutent une intensification des combats : les températures négatives réduisent la portée des drones, mais elles compliquent aussi les rotations et les soins aux blessés.
Sur les routes menant au front, des filets anti-drones couvrent désormais la chaussée, et les véhicules roulent à vive allure, sans s’arrêter.
Dans les hôpitaux de campagne, la guerre des éclats
À quelques kilomètres de là, dans un centre de stabilisation improvisé, les médecins s’activent sans relâche.
« La grande majorité des blessures sont causées par des FPV », explique Serguiï, un médecin de 34 ans, tirant nerveusement sur sa cigarette.
Il décrit des soldats immobilisés des semaines entières sur leurs positions, ravitaillés uniquement par drones.
« Certains arrivent avec des blessures nécrosées. Le front est devenu une bande de vingt kilomètres qu’on appelle ici la zone létale. »
À côté, Iouriï, allongé sous une couverture de survie, murmure à demi-mot : « On revenait de notre position quand un drone nous a touchés… C’est dur. Très dur. »
Une ligne de front qui se brouille
Les rotations de troupes, autrefois assurées par véhicules, se font désormais à pied. Les soldats marchent sur des kilomètres sous des couvertures thermiques pour échapper aux caméras ennemies.
Selon un militaire interrogé sous couvert d’anonymat, les groupes d’infiltration russes se font passer pour des civils ou des soldats ukrainiens afin de tendre des embuscades. « C’est décourageant quand tu te fais tirer dessus alors que tu rentres à ta base », confie-t-il.
Exode silencieux vers le sud
À mesure que la ligne de front s’approche, les villes environnantes se vident. Sloviansk, autre bastion du Donbass, a elle aussi appelé à l’évacuation des plus vulnérables.
Angela, elle, rejoindra sa sœur à Zaporijjia, au sud — une ville qui, ironie tragique, a subi la nuit dernière une nouvelle salve de drones et de missiles russes.
Elle a laissé derrière elle sa mère, son frère et sa belle-mère, restés à la ferme. « Ils refusent de partir. Ils disent que c’est leur terre. Moi, je n’ai plus la force de les convaincre », murmure-t-elle, le regard perdu entre les sacs et les souvenirs.